José Maria Sert
Nonobstant (j'aime ces expressions superfétatoires)
Misia (1872-1950), je ne serais pas allée à la rencontre du peintre décorateur José Maria Sert (peintre catalan 1874-1945) dont elle fut successivement, l'amante, l'épouse puis à nouveau présente dans les dernières années de sa vie. Mais j'y ai vu un lien, forcément, qu'il me paraissait, comme d'habitude, urgent de nouer, d'autant plus que cette exposition, au Petit Palais se termine le 5 Août. Je ne suis pas trop attirée par ces grandes peintures commanditées par des particuliers. Inutile de chercher Misia, elle ne se cache pas sous un des nombreux personnages : Misia ne servit jamais de modèle pour Sert; il utilisa la photographie, des modèles humains au début
puis des santons ( il en acheta plusieurs centaines à une crèche napolitaine), pour finir par utiliser des petits mannequins en bois articulés, qu'il mettait en scène les prenant en photos. Il raffolait des pyramides humaines, Sert, et les étudiait sur des mannequins avant de les peindre sur du bois.
Les visages chez Sert sont rarement beaux enfin pas genre grec, genre simiesque plutôt, plus proche de la caricature. Seuls les corps comptent pour Sert, dans toutes les positions : joufflus les chérubins, musclés les mâles, souples, en force. Le mouvement, c'est ce qui l'intéressait, avec le mélange des genres artistiques, pris ça et là, au gré de ses rencontres, de ses voyages, de ses lubies, de ses clients. C'était un bon dessinateur, Jose Maria Sert, il aurait pu émergé sans doute comme peintre, enfin peut être, mais a préféré se spécialiser dans la décoration où il eut beaucoup de succès ... Il a rencontré en 1933 Diego Rivera,
l'époux de Frida, une autre Femme particulière qui m'attire, mais c'est une autre histoire à explorer plus tard ! La grande oeuvre de sa vie à Sert, ce fut la décoration d'une église, celle de Vic, qui va l'occuper énormément, mais il ne reste rien de cette oeuvre : en 1936, l'église est brûlée, quelques membres du clergé exécutés, une raison évoquée possiblement pour expliquer l'adhésion, très contreversée, on s'en doute, de Sert à Franco.
Il était riche, Sert, richesse familiale, il aimait la grande vie, la belle vie, cultivé et collectionneur, il emmena Misia dans les plus grands musées, et puis Misia devenue un peu vieillie et pas très commode, il lui préféra une jeune Roussy ( Isabelle Roussadana Mdivani 1906-1938 fille d'un prince géorgien) qui lui offrit d'autres ouvertures par ses relations, un temps, le couple resta à 3, et puis lassé des commérages, ou lassé de Misia, subséquemment il demande l'annulation de son mariage religieux avec Misia pour cause de stérilité et épousa Roussy . Après le décès prématuré de Roussy 10 ans plus tard, il reprit une relation avec Misia, devenue un peu fauchée, encore plus vieille et un peu esseulée; de lui, elle héritera son appartement, rue de Rivoli.
Mais si, j'ai aimé, un peu, j'aime découvrir de toutes façons, j'aime cette rencontre avec un(e) inconnu(e), j'aime cet instant magique de révélation d'une oeuvre, après j'adhère ou pas, mais étant de nature bienheureuse, bienveillante ou carrément conne,( c'est une question d'appréciation) je critique modérément en songeant que pour critiquer, il faut avoir un peu de talent dans l'art en question, ce que je n'ai pas, sinon, ce n'est que de la diffamation, de la jalousie, du blabla.
Ouaiiiis, dans tous les cas, c'est du blabla, c'est vrai !
Donc Sert en temps que peintre décorateur, à première vue, j'adhère pas trop. C'est un décorateur d'un temps révolu, d'un milieu artistique d'une époque. Un petit instant charmeur d'histoire de l'Art, ce qui somme toute est déjà bien et ce qui n'enlève rien à la séduction fascinante de l'homme, un peu comme Misia en somme.
Le lien est noué !
Mais sans doute cette visite rapide et première gagnerait à être renouvelée, ailleurs, plus tard, sous d'autres cieux et dans une autre ambiance .... Il me faut du temps parfois pour apprécier.
Note pour ide :
Penser à aller voir à Barcelone l'hôtel de ville et le palais de justice, la banque d'Espagne décorés par Sert, ainsi que le MNAC qui a prêté d'ailleurs ses oeuvres au Petit Palais.