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Mémoire virtuelle d'une ide
19 décembre 2013

Georges Braque

Le port de L'Estaque 1906

Bien sûr, quand on pénètre dans la première salle, ce qui frappe avant tout, outre les êtres qui t'apprennent religieusement par coeur en restant des plombes devant tes tableaux sans considération pour les autres, donc ce qui frappe avant tout, c'est cette joyeuse et foisonnante couleur qui nous en met plein les mirettes, on est dedans, on se vautre sensuellement dans tes couleurs, on se roule  en imaginaire dedans, pinceaux vivants, à la manière des jolis modèles de Klein. C'est écrit pour ceux qui savent lire, c'est ta période de grand fauve OK , mais, tu restes raisonnable, Georges, tu ne fauvérises presque que des paysages, tu n'es pas un copiste de Matisse, tu t'en inspires, nuance ! tu parles de cette période comme d'un plaisir (toi tu dis peinture, moi je dis plaisir, car pour les peintres peinture c'est plaisir avant tout non ?), plaisir donc physique impérieux et nécessaireGrand Nu 1907-1908 Braque qui convenait à tes 23 ans mais qui ne pouvait durer, trop réducteur sans doute de l'idée que tu as de l'Art, trop réducteur pour ton imagination créatrice. Tu as une autre révélation avec les Demoiselles d'Avignon de Picasso, ce qui t'amène à faire le Grand nu en 1907-1908.

 Et puis tous deux, Picasso et toi Arbres à l'Estaque 1908

 vous vous lancez dans le cubisme, nouveaux aventuriers de l'art, car l'un comme l'autre, vous aimez expérimenter, chercher, trouver ...C'est fou

L'homme à la guitare 1912comme idée, mais c'est nouveau donc décrié, puis au final cela plaira, cela sera même copié par d'autres, puis détourné et dépassé comme tout mouvement en peinture.Le violon 1911 détail

C'est ludique, décoratif et ingénieux, surtout quand tu rajoutes des fins traits noirs et des touches d'opaline, là c'est carrément génial  ces touches qui rendent ta composition moins austère, on nomme ce cubisme analytique où le motif disparait. En 1911, vous introduisez des lettres, puis desLa guitare, papier collé 1912La Mandoline 1914Compotier et cartes 1913

morceaux de journaux, des papiers collés, votre fusion avec Picasso va durer jusqu'à la guerre, vous signez l'un pour l'autre, vous vous amusez à vous confondre, c'est esthéthique, innovant, c'est beau, mais cela ne m'émeut pas. Puis la guerre arrive, et tu es blessé, trépané et forcémentLa Musicienne 1917-1918

meurtri, en 1917 tu passes à ce que l'on nomme cubisme synthétique avec La Musicienne, trop anguleux pour moi, trop mathématique, trop froid;  rapidement tu remets un peu d'humanité dans tes toiles où abstraction et figuration se mêlent, tu rejoues avec les couleurs et les formes, c'est ta série des guéridonsLe guéridon rouge 1939-1952billards, natures mortes1920 Le buffet

Nature morte à la clarinette 1927

          où violons se mêlent aux fruits et autres objets, tu diras que tu tripotes, que tu travailles avec de la matière et non pas avec des idées, on retrouvera ce joyeux fouillis où pourtant chaque objet joue un rôle pour toi, non par leur fonction usuelle mais par le lien qui les unit, dans la série des Ateliersatelier VIII 1955 (2)tu en peindras  8 entre 1949 et 1956, tu laisses à nouveau de la place pour les regardeurs que nous sommes, tu nous permets de pénétrer à nouveau dans ta peinture où tu broies tes couleurs, tu ajoutes du sable, de l'huile, tu joues avec la matière; le plaisir revient pour moi. Tu finis en beauté, Georges, même si cette finitude te met du bleu à l'âme, même si la guerre te fait ressurgir un passé qui te hante, tu peins des vanités en 1939Vanitas 1939

 que tu surcharges de sable, de sciure de bois, ou de limaille de fer et ça, tes peintures de ces moments là, j'adore, tu vibres, tu sors de ta réserve, tu es humain Georges, j'exulte.

La Chaise 1947

J'adore ta chaise qui date de 1947 petit moment de bonheur pour toi, petit bonheur pour moi. Tu te défoules aussi avec les Oiseaux, fort décoratifs, heu ya du Matisse en eux, si cela t'a fait plaisir, Georges pourquoi pas, mais je préfère et de loin  La Sarcleuse

La Sarcleuse 1961-1963

ou le Brabant et tes derniers paysages qui sont pour moi la fin d'un cycle, épais, un peu pâteux, un peu trop, tes derniers paysages j'aime aussi, c'est la fin de ta vie (1963) dont  on connaît peu de choses, tu aimais les belles maisons, les belles voitures, la musique, la poésie, le silence et la peinture. Tu avais l'amitié fidèle, l'amour aussi avec ton épouse qui partageait ta passion pour la musique. Le chant de colza 1956-1957Ta peinture nécessite que l'on y consacre du temps, plus qu'un autre; tu as assuré une certaine continuité de style sans trop en donner les clés. C'est à nous de les trouver, pas les tiennes d'ailleurs mais les nôtres celles qui nous permettent d'entrer dans ta peinture. Et cela exige de ma part un peu d'effort à fournir ! L'exposition du grand palais est riche, un peu trop même, alors revenir un jour dans tes toiles peut être.

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