Serge Poliakoff
Exposition, au musée d'art moderne, consacrée exclusivement à la peinture abstraite de Serge Poliakoff qui débute dans le genre dans les années 40; Serge Poliakoff est un coloriste talentueux qui aime superposer les couleurs, les travailler jusqu'à faire surgir une texture particulière, à couleurs tissées comme un tissu façon tweed.
Il y a dans ses tableaux d'alors des formes sans forme, parfois cela tourne au niveau d'une couleur qu'il s'amuse à décliner comme ce rose à toutes les sauces,
parfois c'est une juxtaposition criarde des couleurs quand elles sont vives, tiédasse quand elles sont ternes. Poliakoff ne mégote pas sur les couleurs.
Et puis il structure plus ses formes, les place en puzzle, les délimite par des traits noirs façon vitrail. Jolie idée de rassembler des petits tableaux aux couleurs différentes avec une bordure rouge qui en assure le lien, on dit que cela évoque cela lui évoquait les peintures assemblées ainsi dans les églises de son enfance où sa mère l'emmenait, on dit aussi qu'il superposait les couleurs comme les peintres d'icônes , c'est assurément très décoratif.
On parle de silence en ce qui concerne la peinture de Poliakoff, on peut le comprendre comme une invitation au silence comme le propose une église, où l'on s'assoit pour admirer longuement un vitrail dans une sorte de recueillement mais paradoxalement elles font aussi parler ses peintures, en mal, en bien, en incompréhension totale ou en acceptation entière sans rechercher d'interprétation particulière que la notion du beau qui comme chacun sait est une notion fort relative..
Les peintures de la dernière décennie s'épurent dans les formes et les couleurs.
Pour ma part, je préfère cependant plus de débordement, pictural, thématique. Je n'aime pas trop les limites, y compris dans les formes. La peinture de Serge Poliakoff satisfait mon sens de l'esthétisme, mais ne provoque pas d'émotions en moi, et ne m'attire pas vraiment. Bizarrement, je reconnais que je pourrais vivre à côté d'un tableau de Poliakoff, dont la neutralité confortable me conviendrait alors. Une sorte d'apaisement se dégage de ces peintures.
Serge Poliakoff est né à Moscou en 1900 dans une famille bourgeoise où chevaux (père éleveur ce chevaux et propriétaire d'une écurie de course)), musique, littérature, peinture sont des passions familiales qui lui seront transmises. Poliakoff est un guitariste chevronné. Il fuit la révolution russe et trouve asile à Paris, ce Paris où exilés russes foisonnent. Il s'inscrit dans une académie de dessin, joue dans les cabarets russes. Il a 29 ans et décide de peindre. Il cessera de jouer de la guitare dans les cabarets en 1952 pouvant vivre alors entièrement de sa peinture. Il connaîtra alors un franc succès. Il meurt en 1969.