Emile Bernard à l'Orangerie
Encore un fils à maman, Émile Bernard que la mère initiera à l'art et à la musique; doué d'un vif caractère, cela le rendra capricieux cet amour maternel. Un père classiquement hostile à ses projets artistiques qui finira pourtant par l'aider, une soeur Madeleine qui l'accompagnera un temps, laissée fort libre ce qui est assez étonnant pour l'époque, et voilà Émile Bernard né en 1868 lancé avec des noms que la postérité encensera comme Gauguin son aîné de 20 ans, Cezanne son aîné de 29 ans Van Gogh aîné de 15 ans, Toulouse Lautrec né 4 ans plus tôt que lui, et enfin Louis Anquetin qui lui a 7 ans de plus que lui. Bref c'est le plus jeune, Émile de tous ceux cités, il s'inspirera d'eux, des maîtres classiques aussi. A qui attribuer la paternité du cloisonnisme ?
Inspirée de la technique du vitrail avec aplats de couleurs, on parle aussi de synthétisme. Anquetin, Bernard, Gauguin ? C'est à Pont Aven résidence d'artistes américains, danois et français que Bernard âgé de 18 ans rencontre Gauguin âgé lui de 38 ans ... qui a créé le premier cette nouvelle tendance picturale ?
les historiens d'art ne sont pas d'accord sur le sujet, alors que dire de moi !!! en tous cas Émile Bernard, fougueux comme on peut l'être à cet âge en voudra toute sa vie à ce traître de Gauguin qui restera vague à ce sujet et ce fier ombrageux de Bernard en cultivera fort bêtement une amertume qui le distinguera toute sa vie de ses contemporains peintres. Ainsi est sa nature à ce Bernard qui fuira toujours ce qui le dérange. C'est un touche à tout qui testera tous les genres, qui sera critique d'art, poète. Amateur de femmes, il en aura plusieurs parfois deux en même temps, car à sa manière c'est un fidèle. Durant 10 ans il s'exile en Orient, il prouve
indéniablement qu'il sait peindre il excelle dans les drapés
mais il hésite entre les riches couleurs d'un orientalisme et les peintures plus douces aux formes élancées d'un Puvis de Chavannes avec plus d'élégance d'ailleurs.
pour trouver au final les classiques Titien, Véronèse, Raphael et s'éclater dans les nus
où il balancera entre le vice et la vertu, l'amour sacré vertueux et l'amour profane charnel
L'âge ne l'assagira pas, ni en ce qui concerne sa passion pour les femmes, ni son caractère toujours opposé aux autres, il dénigrera sans indulgence la nouvelle génération de peintres. Difficile pour lui de se trouver une place; un peu versatile, n'ayant au final pas trouvé véritablement son style
c'est cela sans doute qui lui donnera une petite notoriété mais ne le fera jamais sortir du peloton des bons peintres, car il y en a une flopée quand même. C'est dommage, il avait un potentiel mais ne cultiva peut être pas assez son imagination créative par peur, qui sait, de sortir des sentiers battus, par esprit peut être un peu borné parfois un peu trop sûr de ses idées. Pourtant il douta cet homme, parfois et pas longtemps. Preuve en est avec cet auto-portrait qui date de 1892 assez moderne je trouve, un peu tourmenté à la manière d'un Munch. Replié dit-on dans un sombre mysticisme, il ne suivra pas cette voie et préférera rester dans un classicisme confortable. C'était son droit. Au musée de l'Orangerie jusqu'au 5 Janvier 2015.