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Mémoire virtuelle d'une ide
27 mars 2015

La frise Beethoven de Gustav Klimt à la Pinacothèque

KlimtBien sûr, il serait outrancier et stupidement restrictif de ne voir en Gustav Klimt 1862-1918 qu'un chantre d'une peinture clinquante avec toute cette pléthore d'or et de petits motifs vivement colorés reproduits à l'infini comme ce fameux Baiser Le Baiser détail Klimtoù l'homme saisit la tête d'une femme agenouillée qui ne doit pas sa chute qu'à la force de ses pieds qui s'agrippent arc-boutés pour se maintenir dans une position fort inconfortable sous l'emprise d'un mâle un brin trop sûr de lui ou pas assez, oui chez Klimt l'homme fait cloche contre le corps de sa compagne jusqu'à parfois la cacher ou la nier. Il y a un je ne sais quoi qui me déplaît un peu chez Klimt. Il aime assurément le corps féminin et joue à le mettre en scène de deux façons soit il le déshabille et le réduit à la femme fatale dont il faut se méfier soit il l'habille et dans ce cas, il fait référence à la mère ou à l'épouse. Dans un cas la femme est nue, sexe souvent bien en évidence, femme-objet par excellence, elle représente à l'époque de Klimt la classe sociale la plus défavorisée, celle qui vit de ses charmes à l'époque où seule la femme de bonne naissance est glorifiée en tant que reproductrice, dot et maîtresse de maison qui n'a intéressé d'ailleurs Klimt qu'à travers des portraits toujours très marqués par son ornementation qui a constitué si je puis dire sa marque de fabrique : mosaïques d'or, couleurs très vives, petites fleurs ou  petits motifs style tapisserie qui envahissent la toile et font oublier le corps. Certes la sexualité féminine à cette époque est soit inexistante, soit considérée comme dépravation ou pire comme maladie, pourtant Klimt ne se prive pas de la représenter dans des attitudes plus jouissantes que jamais, ce qui choqua bien sûr la société bien pensante. Voilà sans doute une des ambiguïtés de Klimt quant à son regard sur la Femme, le plaisir féminin est toujours suspect. Dans la Frise Beethoven  dont une partie est exposée en ce moment à la Pinacothèque Les femmes de Klimt sont généralement belles et hiératiques, les yeux baissés ou le regard ailleurs, ce sont les femmes vertueuses. La vertu est belle.Luxure, lubricité et démesure 1902 Klimt

 La luxure ose, elle, vous regarder dans les yeux bien sûr, la démesure est grotesquement laide, quant aux forces hostiles elles sont décharnées, agressives sexuellement aux visages un peu cadavériques et menacent l'homme

Les Forces hostiles Klimt 1902

Les femmes de la poursuite du bonheur sont soit extatiques à la manière d'une Thèrese du Bernin, soit sans expression avec une bouche qui est soit à demi-close comme un chaste baiser, soit pincée qui va jusqu'à l'absence totale de bouche ! version idéalisée de l'épouse vierge (belle et muette en idéal) et transcendée plus tard par sa maternité obligatoire. Et elles, sont habillées forcément.

La poursuite du bonheur 1902 KlimtKlimt resta célibataire et proche de ses frères et soeurs, il eut une relation amicalo-amoureuse avec la soeur de sa belle soeur Emilie Flöge qui dura jusqu'à sa mort, et un grand nombre de maîtresses de bonne famille ou pas, avec une flopée de jeunes femmes modèles autour de lui : 3 enfants naturels, l'un de Maria Ucicky, les 2 autres de Maria Zimmermann (une source en indique 3). Bon il paraîtrait qu'à sa succession, 14 enfants se prétendaient illégitimes. Réconcilions tout le monde, aucun ne fut cependant reconnu. Klimt si partisan de la sécession en matière d'art apparaît comme un homme du passé partageant les interrogations et les inquiétudes des hommes de son temps entre la fin d'un monde et le début d'un autre où les hommes ne savent pas trop se situer, et encore moins situer les femmes, alors soit ils la diabolisent, soit ils la cantonnent au rôle de mère. Et pourtant, Klimt si précieux et sophistiqué dans son art à la limite de l'art sacré qui frise avec un symbolisme coquinPortrait d'Adèle Bloch- Bauer 1907 détail Klimt presque féminin finalement même dans son érotisme poussé et son goût extrême pour le décoratif, drôle de fin de siècle qui libéra curieusement dans le monde artistique les moeurs, les amours lesbiennes surtout, fort à la mode; Klimt leur donna une grande place au grand dam de la bonne société, dans quel but exactement, voilà une autre ambiguïté je trouve. Bon ne cédons pas à la tentation réductrice de ne limiter Klimt qu'à ce peintre du rutilant obsédé par le sexe féminin, il était un excellent dessinateur et coloriste, un excellent peintre en somme Tête d'homme allongé Klimt 1886-1888

mais ... Bien, l'on sent je vous l'accorde un petit parti-pris de ma part, il y a un petit quelque chose qui me dérange chez Klimt. Bon  allez juger vous même si le coeur vous en dit, Klimt est rare chez nous quand même, allez voir l'exposition de la Pinacothèque intitulée 'Au temps de Klimt, la Sécession de Vienne' où vous trouverez également la célèbre Judith sur laquelle je reviendrai dans un autre message, et vous y trouverez peut être une pépite, moi ce fut Egon Schiele avec deux tableaux seulement exposés. Et j'y reviendrai sur ce Schiele beaucoup plus complexe que Klimt, quoique à la reflexion, ce n'est pas si sûr. A vous revoir donc monsieur Klimt.  

Pommier Klimt 1912

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