Bonnard et les femmes
Les femmes eurent une place importante chez Pierre Bonnard 1867-1947, bien qu'il resta discret sur le sujet, il ne fut ni insensible à leur charme, ni dédaigneux de leur influence : sa mère, sa soeur Andrée, son épouse Marthe 1870-1942, ses amantes, ses amies, ses relations. Et dans ses portraits féminins, je découvre un autre Bonnard qui privilégie les visages, dessine un sourire, exprime le bonheur ou l'indifférence et facétieux, ambigu et talentueux dans ce domaine aussi, Pierre Bonnard nous livre ainsi quelques indications sur sa vie
Andrée sa soeur fut bien sûr l'un de ses premiers modèles, sa nièce suivra plus tard, portraits fort sages. Et puis Marthe arriva et Bonnard peignit le corps féminin avec une sensualité fort délicate, une grâce qui n'appartient qu'à lui.
Pourtant il aima avant, sa cousine Berthe Schaedlin du même milieu que lui et sa famille ou elle même refusa le mariage proposé, l'année précédant ce refus elle lui servit aussi de modèle, il la croqua mutine et légère. Berthe c'est ce portrait
aux marguerites et c'est aussi la femme des Femmes au jardin peint en 1891
Marthe effacera ce souvenir douloureux l'année suivante,
il ne l'épousera qu'en 1925. Bien sûr ce sera son modèle fétiche, mais d'autres jolis modèles passeront dans sa vie, Marthe fermera les yeux, acceptera même leur présence. Pierre Bonnard aima pendant Marthe d'autres femmes. La première rencontre importante se passe en 1916, elle se nomme Lucienne Dupuy de Frenelle
née vers 1890, épouse de leur médecin de famille il la peint plusieurs fois entre 1916 et 1918, la sculpturale jeune femme dans La cheminée
c'est elle, ils rompront en 1919, il rencontre alors une amie de Marthe, Renée Montchaty compagne du peintre Harry B. Lachman, on évoquera alors une possible relation à trois, en tout cas, Marthe ne s'y opposera pas à cette jeune femme que l'on verra nue dans plusieurs tableaux aux côtés d'une Marthe amicale. En 1925 Bonnard épousera Marthe, l'année du suicide de Renée. Bonnard retravaillera la toile Jeunes femmes au jardin où rayonne Renée après la mort de Marthe.
A noter l'image des deux tableaux suivants : La glace du cabinet de toilette
et le Miroir dans la chambre verte
peints en 1908 où figure une blonde, un autre modèle ou deux que surveille Marthe qui a finalement partagé Bonnard plus souvent qu'on ne le pense, Marthe sera l'élément stable dont il aura besoin toute sa vie, en 1920 ce portrait d'une Renée attendrie
et une Renée déjà fantomatique et perdue, Renée encore Piazza del Popolo à Rome l'année suivante où elle accompagne son peintre américain
Bonnard loge chez eux sans Marthe. Au retour de Pierre, Marthe prend des cours d'art avec une artiste peintre Louise Hervieu et ne sera pas mauvaise dit-on, elle exposera sous le nom de Marthe Solange, elle vendra ainsi 25 de ses tableaux. Marthe est une femme assez étonnante et son caractère un peu sauvage nous fit oublier sa particularité qui n'échappa pas à Bonnard. Parmi les amies il y aura Misia qu'il peindra plusieurs fois
Berthe Signac, Hédy Hahnloser, et des femmes célèbres de l'époque qui lui demanderont de faire leur portrait.