Bazille 1841-1870
A priori, ce jeune homme ne devrait pas tant m'intéresser, sa peinture ne le démarque pas vraiment de ses contemporains, son origine bourgeoise non plus, mais cet homme là m'attire. D'une famille protestante nantie de Montpellier, il se dirigea vers la médecine, rapidement il s'intéressa plus aux dessins réunis par François Xavier Atgier 1758-1833 qui donna sa collection à la bibliothèque de la Faculté de Médecine où de grands noms figurent comme Fragonard, Tintoret, Tiepolo ( Musée Atger au 1er étage de la Faculté de Médecine). Il étudia aussi les atlas anatomiques de la bibliothèque qui présentent des écorchés remarquables. Attiré par un voisin de la faculté, Alfred Bruyas
bourgeois, mécène, collectionneur, tuberculeux, qui tient salon et a fait de son hôtel particulier un petit musée. Bazille y admire Delacroix et la lumière du tableau 'Les femmes d'Alger dans leur intérieur' seconde version 1849. (tableau conservé au musée Fabre de Montpellier) Bazille décide à ce moment là d'être peintre. Il rencontre chez Bruyas, Cabanel qu'il n'aimera pas, Paul Ferdinand Gachet (médecin passionné de peinture et des peintres chez qui Van Gogh mourra)) il fréquente Courbet, Couture, Degas, Fantin Latour, le philosophe Proudhon. Gachet est venu à Montpellier travailler sa thèse 'Étude sur la Mélancolie'.
En Novembre 1862, Bazille (1841) se rend à Paris et sera élève de Gleyre, il y rencontre Claude Monet (1840) Auguste Renoir (1841) Alfred Sisley (1839). Berthe Morizot (1841) fera partie aussi de leur cercle d'amis. Cezanne (1839) liera aussi relation amicale avec Bazille, Pissaro (1830) sera du lot aussi. Ils fréquenteront la Closerie des Lilas, leur référence sera Delacroix et Courbet, leur modèle Manet. Bazille peint le matin et suit les cours de médecine l'am. Il en profite aussi pour visiter les musées, les théâtres, la musique. Il joue du piano, il aime Haydn, Mozart et Beethoven. Il aime aussi l'opéra, Bellini, Bizet, Meyerbeer, Wagner, Berlioz. Il faut compter aussi les régates de Bougival, les balades au bois de Boulogne, les rencontres aux cafés. Bazille est sur tous les fronts, avide de vivre. Le maître Gleyre devenant aveugle, Bazille partage un atelier avec Villa, tandis que Monet partait peindre à Honfleur
Bazille le rejoignit et peignit des paysages. Il rate son examen de médecine et abandonne ce projet. Il se rend à Saint Sauveur avec 3 tableaux de Monet, mais pas plus que Bruyas, aucun acquéreur ne fut enthousiasmé. Bazille s'installe avec Monet
rue Furstenberg où Delacroix qui vient de mourir en1863 logeait et peignait. C'est d'ailleurs devenu le musée Delacroix. L'atelier de Gleyre ferma
Monet partit à Chailly en forêt de Fontaineleau et Bazille le rejoignit. Courbet et Corot vinrent également.
En 1866, Bazille et Monet se séparèrent, Monet partit vivre avec Camille. Bazille logea rue Godot-de-Mauroy, dans une petite chambre où il reçut son ami Edmond Maître
brillant sujet, dandy qui consacra sa vie à la lecture, théâtre, musique et ses amis nombreux Renoir, Sisley, Manet, Fantin Latour. Bazille et Maître jouaient du piano à 4 mains, du Schumann. Gabriel Fauré servit de répétiteur. Six mois plus tard, Bazille emménagea rue Visconti, Renoir s'y installa avec lui. Au salon de 1866
sa Nature morte aux poissons' fut acceptée. Bazille en profita pour peindre Renoir.
Et Renoir le représenta dans 'Nature morte au héron'.
Durant l'hiver 66-67, il aida Monet en difficulté financière, suite à la grossesse de Camille qui déclencha chez monsieur Monet père outre une colère, un arrêt de tout financement. Bazille acheta 'Femmes au jardin', et le régla à Monet par mensualités. Monet en exil à Sainte Adresse et Bazille s'écriront beaucoup. En 1867 Courbet et Manet construisirent lors de l'exposition universelle, chacun, leur propre pavillon et y exposèrent leurs oeuvres. Bazille part alors pour Aigues-Mortes, on est en juin 1867. Ce fut bien sûr là bas la rencontre avec la lumière !!!!
Méric, à Montpellier site familial essentiel à Bazille, plusieurs tableaux La robe rose
la terrasse de Méric, le petit jardinier, Vue de village
Ce tableau plut aux demoiselles Morizot. En 1868, il revient sur Paris et s'installe au quartier des Batignolles, toujours avec Renoir. Le café Guerbois est le lieu de rencontre. Manet y vient souvent, Gachet aussi partagé entre l'homéopathie, la peinture et autres occupations. Degas est là, Cezanne rarement, Pissaro, Zola. En 1868, le salon accepte 2 toiles de Bazille, Réunion de famille
Monet lui envoie des demandes d'argent incessantes, ce sera un prétexte entre échanges épistolaires entre eux où Monet quémande toujours le remboursement du prix du tableau Femmes au jardin un peu dur à payer pour Bazille. Bazille parait-il détestait Cabanel, peintre de femmes idéalisées, comme Albaydé inspirée des Orientales de Victor Hugo, mais aux yeux éteints de poisson mort.
eN 1870 il peint son atelier qu'il doit quitter faute de pouvoir le payer. Edmond Maître est au piano, Renoir sur la table discute avec Zola debout dans l'escalier. Devant le chevalet Manet. Ce fut Manet dit on qui peignit le grand Bazille avec sa palette et ses pinceaux.
Chez Bazille, les femmes ont souvent les yeux baissés, les femmes regardent dans le vide et ne respirent pas la joie.
son dernier tableau Ruth et Booz
il semble traverser une crise d'inspiration. Le 20 juillet 70 la France déclare la guerre à la Prusse, dispensé d'obligation militaire, son père lui a payé un remplaçant au moment de la conscription. Il s'enrôle cependant en août dans les zouaves, engagés dans les combat les plus meurtriers. Les raisons de cet engagement sont inconnues, certains évoquent une crise existentielle, d'autres de démarche suicidaire, d'autres encore évoquent un besoin de s'échapper un moment de sa peinture dont il n'est pas toujours satisfait. Il débarque le 30 août en Afrique du nord, ses compagnons sont presque tous des repris de justice et des filous, il déprime. Il part ensuite pour Constantine, le 27 septembre 1870 il rejoint le front de l'est et meurt quelques jours après. Son père ira récupérer le corps déjà enseveli dans une fosse
Source : BAZILLE 1841-1870 de François-Bernard Michel
Si Bazille fut sage avec les nus féminins, il se lâcha dans un nu masculin, comme Caillebotte né en 1848 le fit aussi, de superbes fesses musclées, ce qui provoqua un petit scandale, bien sûr.
Alors, il choisit de les vêtir ces fesses de caleçons que la marque Solendro ne renierait pas.
Songeur, mystérieux un jeune homme ...
Et au final, c'est peut être pour ces tableaux là complètement décalés pour l'époque que ce grand jeune homme me plaît.
Tableaux vus au musée d'Orsay lors de l'exposition Bazille sauf le Cabanel et le Courbet vus au musée Fabre à Montpellier.