André Derain au musée d'Art moderne 1880-1954 et aussi au Centre Pompidou
Ils sont peintres, contemporains et se rencontrent en 1930. André Derain 1880-1954 a 44 ans, Balthus 1908-2001 a 22 ans, Alberto Giacometti 1901-1966 a 29 ans. Une amitié les liera, et semble justifier l'exposition consacrée à ces trois peintres au musée d'Art Moderne. Je préfère les dissocier et me contenter de leur seule production sans songer à leur trouver d'enventuels points communs en dehors de l'amitié qui les réunit.
En premier, ce sera donc l'ainé des trois, André Derain
né en 1880 à Chatou où l'ombre de Renoir entre autres impressionnistes rode encore pour les plus âgés dont je commence à être
Ce n'est pas un heureux de vivre Derain, plutôt un cafardeux avec une vie où il sembla souvent être dans l'insatisfaction notamment dans son désir de renouveler la Peinture, et pourtant on lui reconnaît une grande culture, un vif intérêt pour ce monde en métamorphose technologique et scientifique constante, mais il se veut novateur Derain, il y arrive d'ailleurs et puis abandonne au profit d'une autre aventure. Inconstant ou trop perfectionniste ? Léger parfois dans ses actes comme ce voyage en Allemagne en 1941; si il est aisé de comprendre les motivations du Reich avec cette invitation d'artistes français (car il était accompagné de Vlaminck, Van Dongen, Dunoyer de Segonzac, Belmondo et d'autres encore) qui relevait d'une politique de propagande, il est plus litigieux d'interpréter les raisons de ce voyage chez ces artistes, Derain avait un mobile pour l'accepter, il espérait ainsi récupérer sa maison de Chambourcy réquisitionnée par les allemands, bien sûr ce voyage lui portera préjudice, et il en sera affecté d'autant plus qu'il connaitra alors aussi quelques désordres familiaux (en 1939 naissance d'un fils né d'une liaison avec l'un de ses modèles Raymonde Knaubliche
on peut présumer de la mauvaise réception d'Alice son épouse (rencontrée en 1907) de cet évènement, même si elle finira par l'accepter, Alice, qui parait-il fera payer cher à Derain ses écarts en le tourmentant une fois leur vieillesse venue, elle fera saisir entre autres les comptes de son mari ). Du point de vue pictural, Derain suit sa propre route, on le dit découvreur et dans le fauvisme
et dans le cubisme, mais à sa manière bien à lui quand même.
avec Matisse et Vlaminck pour le fauvisme en premier lieu, puis avec Braque et Picasso il développe un style cubiste qu'il délaissera peu à peu assez rapidement.
au profit d'une phase réaliste dite gothique ou byzantine influencée par Ingres, les peintres de la renaissance italienne et l'art africain, où il utilise une palette de couleurs sombres. Et puis la mobilisation de 1914 à 1918 le privera de son art; au retour de cette guerre, il vit socialement une période riche en rencontres, André Breton, Kisling, Utrillo, Braque, il achète un château en 1929
et se fait construire un hôtel particulier à Paris, il achète des bugattis et des motos, il est célèbre et riche, il dessine fort bien, sculpte, illustre des livres, réalise des décors de théâtre, croque des costumes, il sait tout faire Derain, hyperactif et partout à la fois et puis en 1935, il se sépare de ses propriétés et se retire à Chambourcy délaissant la vie parisienne, on le boude un peu alors, son voyage en Allemagne le démarque un peu, Derain peint des nus appréciés, des natures mortes noires
où les objets prennent singulièrement vie, tout en légèreté. De 1945 à sa mort en 1954, il passe du sombre avec ses paysages sinistres de 1950 à des natures mortes sobres et colorées. Derain eut un itinéraire atypique, déroutant pour certains, on dira de lui qu'il fut un inventeur qui ne sut pas tirer parti de ses inventions. Je crois simplement que Derain suivit toujours son chemin, loin des routes habituelles, aventurier à sa façon, il se démarqua ainsi de tous.