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Mémoire virtuelle d'une ide
11 octobre 2012

Jonathan Coe

Coe

Coe2

Fortement caricatural, britanniquement drôle,  méchamment brossé, colériquement aromatisé, le roman de Jonathan Coe 'Testament à l'anglaise'  est  une dense épopée familiale ( les Winshaw) où les rares gentils sont pour l'un mort, pour l'autre internée en psychiatrie, où les méchants sont les plus menteurs, les plus tricheurs, les plus escrocs, les plus hypocrites, qualifiés de 'sangsues à forme humaine', c'est dire si ils sont sympathiques. 'Ils ont tous du sang sous les mains. Il n'y a pas de limite aux morts qu'a provoquées l'immonde commerce de Mark. Dorothy a participé au meurtre de mon père, en le nourrissant de saletés; et Thomas l'a poignardé dans le dos, en emportant l'argent de sa retraite. Rody et Hilary se sont certainement mis de la partie'. Cette famille a un biographe Michael  Owen ( embauché par l'internée Tabitha Winshaw) écrivain en panne d'inspiration, qui mêle rêve, cinéma et réalité dont nous partagerons la vie tout au long du livre, avec en parallèle des épisodes de vie des Winshaw. Coe tisse un livre toile d'araignée où chaque personnage est lié, où tous les fils convergent vers le centre-fin fort rocambolesque, à la manière d'une histoire policière façon Agatha Christie qui s'emballe sur la fin façon Monty Python. Ce livre est finalement très atypique, inclassable, jubilatoire et horripilant à la fois. J'ai pris un certain plaisir à le lire.

 Dans 'La pluie avant qu'elle ne tombe', Coe se livre à un romanesque, romantisme, sentimentalisme , à prendre au second degré, si l'on veut s'en réjouir et si en plus on écoute Joseph Canteloube (compositeur musicien français et auvergnat 1879-1957), cela devient délicieusement décalé. Avec quelques carrés de chocolat, un feu de cheminée, cela devient carrément divin.

Impuissance humaine à refaire l'histoire, nostalgie de ce qui ne s'est pas réalisé, constat des phénomènes de répétition dans les rapports familiaux, impressions fugaces prémonitoires ... ce livre trouve fatalement un écho en chacun d'entre nous. Et plus fort encore, il donne l'espoir de retrouver un jour, au mourir, comme Rosamond, les êtres les plus chéris et de réaliser ce qui n'a pu se faire de votre vivant ....   mouais.

 Coe est meilleur, pour moi, dans la satyre, l'humour, le branquignolesque . C'est plus jouissif.

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1 octobre 2012

Home

home

Tony Morrison 1931

La critique est élogieuse, unanimement ... 'Si vous devez ne lire qu'un livre de la cuvée 2012, lisez celui ci', m'a dit une accorte libraire langeadoise.

La première lecture ne m'a pas enthousiasmée, à la fois trop et pas assez pour moi :

Trop de faits :

une enfance malheureuse, celle d'Ycidra dite Cee, la soeur du narrateur

une guerre en Corée 'Vous ne pouvez pas l'imaginer parce que vous n'y étiez pas'

un racisme exarcerbé celui d'une Amérique ségrégationiste des années 50

un médecin maniaque des utérus en général, et en particulier de celui de Cee qui ne pourra plus enfanter.

le meurtre d'une petite coréenne 'Comment pouvais-je la laisser vivre une fois qu'elle m'avait emmené dans un lieu dont je ne savais pas qu'il était en moi'.     

en vrac : une grand-mère méchante, des injections paralysantes, un salaud qui épouse Cee pour la laisser tomber, seule à Atlanta, une Lily couturière dont l'amour pour Frank ne durera qu'un temps, des combats organisés d'hommes

une ville natale en Géorgie 'Lotus'  dont  Frank Money  s'est échappé, où il reviendra pour sauver Cee. Il exorcisera ainsi ses démons, sa violence, Cee trouvera en elle la force de devenir une femme libre.

Pas  assez :

d'arrêt sur les personnages, pas assez de lyrisme qui vous prépare à l'action : on subit les faits dans leur violence crue, immédiate, un peu comme quand on écoute les info qui vous annoncent des centaines de morts, lors d'une catastrophe ...

Bien sûr, Toni Morrisson a recherché cet effet, alors à la seconde lecture, je me dis que c'est réussi, il y a une action  dramatique qui monte en puissance tout au long du récit avec une première chute qui transforme le héros en salaud et une seconde qui annonce une rédemption possible ...

'Sa vie avait peut être été préservée pour Cee, ce qui n'était que justice puisqu'elle avait été le tout premier objet de ses soins'

 J'ai un handicap en fait sur les autres lecteurs, c'est le premier livre de cette auteure que je lis ! on dit que Home contient tous les grands thèmes chers à Toni Morrisson ...  Pour une première lecture, un livre si condensé c'était beaucoup !!

Et si le thème essentiel de ce livre était que tout homme peut être un salaud, avec circonstances atténuantes ou pas ? Ce thème là est le plus angoissant, à mon avis.

Et je ne sais pas si j'ai aimé.

18 septembre 2012

Un oiseau dans le blizzard - Laure Kasischke

Un oiseau blanc dans le blizzard

Laura Kasischke née en 1961, américaine, poétesse, professeur, romancière.

Bien sûr, lorsqu'il s'agit de lire un roman de Laura Kasischke, on sait que l'épilogue va surprendre, même si, l'auteure s'emploie, tout au long du livre à le sous entendre.  D'emblée, j'ai commencé par la fin. Puis je suis rentrée dans l'histoire, telle une policière, relevant les indices, découvrant le caractère des personnages, notant les détails ordinaires de  la vie banalement réglée d'une famille  moyenne dans les années 60-70. Laura Kasischke  nous évoque une Bovary américaine, mal mariée, mal baisée, malheureuse  qui n'aura jamais le courage de se prendre en main. Elle ne trouvera aucun dérivatif à son ennui, la maternité l'exaspèrera. Et pourtant ... elle était sexy, spirituelle, intelligente mais désespérée et sans volonté aucune. Son mari, homme simple,  mal assorti, amoureux jaloux ne fera rien pour l'aider. 

Une vie gâchée mais qui aura au moins l'avantage de bénéficier à la fille qui ne suivra, sans doute, pas le chemin de la mère.  

Au final, un livre agréable à lire, prenant mais sans excès, à l'écriture sobre et simple,  idéal pour une escapade en Haut Allier où un soleil d'automne naissante a permis des petites balades.

Un livre à donner à l'une de mes filles qui aime bien l'auteure.

4 août 2012

Souvenirs retrouvés de Kiki de Montparnasse

Kiki Souvenirs retrouvés

C'est son dernier amour  André Laroque qui lui dactylographie ses souvenirs. C'est le second livre de Kiki, le premier alors qu'elle a 28 ans est interdit par la censure américaine qui le saisit. Neuf ans plus tard, elle en écrit un second qui ne sera pas édité, la guerre l'en empêchant. Il dormira dans des cartons plus d'un demi-siècle et ne sera édité qu'en 2005 par José Corti.

C'était une reine, Kiki, une de Montparnasse. Une de la trempe de Misia, mais version populaire, sans le pouvoir que donne l'argent. Née en 1901 en Bourgogne, non reconnue par son père, elle connut une enfance miséreuse, eut une éducation restreinte, et travailla à l'âge de 13 ans. Pour échapper aux petits métiers difficiles, Alice Prin, dite Kiki,  posa des nus pour des peintres qui en échange la nourrissaient. Un soir d'hiver elle rencontra Soutine qui l'herberga pour la nuit, elle fréquenta La Rotonde, y cotoya Utrillo, Modigliani, Kisling, elle s'amusait déjà à esquisser quelques dessins, qu'elle échangeait contre 10 sous.

 Elle posa pour Kisling (1891-1953), pour Foujita, Man Ray, elle eut beaucoup d'amants, c' était une amoureuse,  Alice, l'argent n'était pas son moteur, elle fréquenta les surréalistes Desnos, Aragon, Prévert et d'ManRayautres avec lesKiki souritquels elle se mit en froid, elle, la gouailleuse n'ayant pas la langue dans sa poche, et venue du ruisseau. Elle chanta dans des cabarets, l'Océanie, le Boeuf sur le toit où passèrent au piano Wiener, Doucet, Aiwaz, où se produisirent les chanteuses Marianne Oswald, Yvonne Gorges, Frehel et Kiki.

 Elle exposa ses  petites peinturesAlice Prin dite KIKI 1926

chez Bernheim, chanta au concert Mayol, enterra son amant, sa mère. A 33 ans et 80 kgs, elle posait encore pour Per Krogh ( peintre norvégien 1889 1965) , et puis elle s'adonna un temps  aux stupéfiants, enfin, elle ouvrit son propre cabaret. Elle mourut en 1953.   

Bien sûr, elle n'a pas  la fibre écrivain, Alice,  les mots ne la font pas vibrer, l'écriture est sobre, simple,  mais peu importe, ces mots là écrits par elle, perdus, retrouvés et enfin édités sont sans doute ce qu'elle désirait laisser à la postérité, une version minimale  de sa vie tumultueuse, folle et libertine,  pour couper court à tout commérage superflu.  Rien de très intime, rien de très croustillant,  Alice dite Kiki de Montparnasse est morte avec ses secrets,  elle demeure à jamais l'une des muses préférées de  Man Ray. Le Violon d'Ingres, c'est elle.  Pas mal comme souvenir Alice, pas mal !  

24 juillet 2012

Putain

Nelly Arcan

Nelly Arcan née Isabelle Fortier 1975-2009

Récit autobiographique sur les années de prostitution d'une jeune femme

Ce roman ne se raconte pas, il n'y a pas d'histoire juste des réflexions qui amènent à d'autres réflexions personnelles donc discutables :

 Pas stupide cette Nelly Arcan qui a fait un mémoire de maîtrise en littérature sur les rapports de la littérature et de la folie  avec les mémoires d'un névropathe (qui a écrit son histoire lors de son internement) mais particulière et fragile, elle fut sans doute marquée par son éducation religieuse, celle donnée par son père dévot obtus attendant la fin du monde, celle donnée par l'école religieuse où elle fit connaissance d'une communauté  de femmes au nom d'emprunt, vouées à une vie de sacrifice, que l'on nomme soeurs ou mères, autre confusion des mots et des rôles.  Ces religieuses ne cherchaient elles pas à se dégager de leur famille, de l'acte sexuel qui les fit naître ? se demande t'elle. Et oui, tout le monde n'a pas la chance de Jésus : être né d'une immaculée conception. L'acte sexuel d'où tout commence. Eve première femme qui fut séduite, qui porte tous les péchés du monde, séduisante déjà, femelle qui ne pensait qu'à séduire ... Pour Nelly-Isabelle, il n'y a pas d'alternative : la femme est réduite à un sexe, dominée par l'homme, réduite à n'être qu'un corps, jeune, beau, désirable, réduite à n'être qu'une bouche recevant des queues, une fente recevant du sperme et rien d'autre. La religion étant le monde de son père, elle refusa aussi le monde de sa mère, épouse vouée qu'à un seul homme devenue une larve plus désirée qui ne devint même pas mère, ni femme ni mère comme si chez une femme tout pouvait être dissocié !! archaique idée de la féminité !  ne lui resta à cette jeune femme que le monde de la prostitution : sorte de communauté où l'on a un nom d'emprunt, où l'acte de chair reproduit xfois, rénuméré devient alors sacrifice. Nelly s'est ainsi sacrifiée jusqu'à perdre son âme, mais les femmes ont elles une âme  dans le monde de Nelly-Isabelle ? 

De cette prostitution, elle en tira de l'argent bien sûr qu'elle utilisa pour devenir encore plus belle, elle n'arrive décidément  pas à sortir de ce shéma .  Elle en tira aussi, dit elle, de la jouissance physique, mais en même temps, donnée par des hommes de l'âge du père, qu'elle méprise profondément ????  Elle en tira aussi un certaine satisfaction de ne pas devenir comme sa mère, la larve qui comate dans son lit. 

Mais enfermée dans ses idées, elle n'eut pas le temps d'aller vers une porte de sortie. Et pourtant, elle en avait du talent, elle aurait pu s'exalter dans l'écriture, dans des causes humanitaires, sortir de ce nombrilisme dévastateur, réducteur et suicidaire.  

  Elle condamne les hommes qui payent pour jouir et trouvent que cela mérite reflexion. Ces hommes qui fréquentent des prostituées ne bandent pas pour la prostituée mais pour la putasserie idéalisée : ce pourrait être aussi une poupée .. la pute n'existe pas en tant qu'être humain, mais en tant qu'idéal oui,  idéal d'une féminine beauté éternelle réduite à une fente. Les hommes ne souhaitent faire l'amour qu'à de jeunes femmes belles et soumises. L'amour a disparu dans son monde.

Cette jeune femme, belle, qui désire plaire à tout prix, pour ne pas vieillir comme sa mère est condamnée à mourir jeune.  Elle est atypique, hors normes : se détester à ce point, et continuer à s'avilir, car elle estime s'avilir profondément, dépasse l'entendement. Pourquoi continuer ? l'argent facile qui sert à rester belle ? pour qui, pourquoi ?

Le gros problème de cette jeune femme était qu'elle considérait la femme uniquement comme un corps désirable devant le rester à tout prix. Une fente, une bouche, une tirelire en somme à 2 orifices !!! réducteur, et surtout erroné. Elle semblait penser que tous les hommes le souhaitent aussi.  La beauté est rare, le savait elle ? C'est curieux ce culte de la beauté à tout prix. Beauté rarement naturelle d'ailleurs, la chirurgie esthétique remplit les poches des chirurgiens, c'est un gouffre qui emmène ceux et celles qui s'y plongent. C'est souvent réservé à une clientèle fortunée et nombriliste.

Les jeunes femmes que je connais, que j'ai connues sont belles, assez belles,  moins belles, normales quoi. Elles ont des mères belles, assez belles, moins belles qui acceptent leurs rides, souhaitent certes retarder la décrépitude, ce qui me semble très sain mais acceptent avec sagesse le vieillissement : on peut vieillir en restant belle, certes cette beauté n'est pas celle des magazines, mais cette beauté n'existe que là.  Beaucoup de femmes ne s'y laissent pas prendre.  Er les hommes vieillissants continuent à aimer les femmes vieillissantes, bien sûr quelques un(e)s s'intéressent à des plus jeunes et alors ? si chacun y trouve son compte.

Je ne sais pas trop ce qu'a voulu prouver Nelly Arcan, mais a t'elle voulu prouver autre chose que son profond désarroi, son inaptitude à vivre ? je n'en suis pas si sûre. Elle a certes manqué de référence maternelle, mais elle est loin d'être la seule. Elle a joué une partie qu'elle ne pouvait que perdre, et elle le savait très bien,  mais là sans doute était son destin. 

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22 juillet 2012

Cafards - Fabienne Berthaud

cafards

Fabienne Berthaud née vers 1966 cinéaste, écrivain

Le cafard est un animal particulièrement peu sympathique, voire répugnant.

Le cafard est un genre de déprime. 

Cafards est un livre parfois répugnant à imager, parfois déprimant à penser, parfois jubilatoire à lire . L'écriture est singulière et recherchée dans un style cru, réaliste, où les miasmes en tous genre s'exhalent, oui c'est un livre à odeurs, nauséabondes souvent, à pustules qui suintent, à bouches qui bavent , à mots imagés (trogne, mouflée, clamser, nouille, chougner, guiboche ...) . J'aurais aimé que l'humour soit un peu plus présent, pour rendre le livre plus digeste, moins odorant, moins cafard profond.

C'est l'histoire d'une fille qui s'ennuie à mourir, et qui en mourant s'ennuie toujours, sans fin. La mort pour cette crevette n'existe pas. Elle s'ennuyait moins à vivre au final !

C'est une lecture à plusieurs degrés, au premier, c'est glauque, au second déjà plus tragique, au troisième, c'est selon l'humeur du moment, caricatural, décapant drôlement, épouvantablement réaliste, en bref, tous les degrés finissent par se mélanger et posent une question  : par qui ou quoi avez vous été inspirée en écrivant ce livre ? j'aimerais savoir.

 Particulière, Fabienne Berthaud, pas commune. J'avais bien aimé son film Pieds nus sur les limaces. Cafards ne me laisse pas indifférente, non plus.

Par contre son livre Un jardin sur le ventre ne me plaît pas trop.  Le titre est joli, l'histoire émouvante, mais il n' y a pas de rencontre entre ce livre et moi. Au final, je préfère l'écriture acide de Cafards !

18 juillet 2012

Rêve d'amour - Laurence Tardieu

rêve d'amour

Laurence Tardieu née en 1972

Il n'y a pas de vérité, ni des êtres, ni du temps. Il n'y a que le présent, son éblouissement. extrait

J'aime ce livre, court, facile à lire et optimiste. Il regorge de phrases de ce genre, que l'on peut mettre en citation, gravement, sentencieusement, doctement, religieusement. Des phrases simples qui expriment des émotions simples.  Bien sûr il parle d'amour ce roman, du premier, de celui qui orientera votre vie amoureuse (oui oui, c'est mon opinion, discutable sans doute), de l'amour maternel, donc. Une mère aimante vous donne accès à la capacité d'aimer sans peur.  Alice Grangé a oublié sa mère morte alors qu'elle avait 5 ans. Son père a tout détruit de ses souvenirs, pas de photo, pas d'objet, pas d'histoire, rien. Il a effacé une femme qui avait choisi de le quitter.  Alice et son père s'aiment, très mal, sans pouvoir s'aider, sans pouvoir parler. Peu avant sa mort, le père lui fait cadeau du nom de l'amant que sa mère a aimé. Alice en connaissant cet homme apprendra, un peu, à connaître enfin sa mère et pourra ainsi s'autoriser à vivre sans se morfondre. C'est une sorte de passeport pour l'amour cette double rencontre, c'est l'ultime cadeau d'un père.  Un rêve quoi ! 

Un petit livre d'été, sympa, léger, pas compliqué et plein d'espoir.

L'écriture peut-elle redonner vie à ce qui n'est plus ? extrait

17 juillet 2012

Dos à dos - Sophie Bassignac

dos à dos

Sophie Bassignac née en 1960

Des pins parasol qui ressemblent à des brocolis géants. Voilà pour la cuisine Un soleil en pleins préliminaires qui caresse les jambes, voilà pour le sexe. Une femme qui veut sentir dans la bouche de sa fille la langue de l'homme de sa vie, voilà pour la relation mère-fille qui n'est pas le thème du livre, d'ailleurs juste un aparté. Regard de Guinevere pierres de lune extra-terrestres, translucides et impénétrables de déesse baroque, voilà pour le travail de l'écriture.

Le sujet du livre  évoque la difficulté d'écrire, avec Gabriel le père écrivain en panne d'écriture, écrivain qui trouve son inspiration en regardant les autres vivre 'pauvre voleur qui avait rempli ses poches de petits fragments de la vie des autres' ( extrait) ce qui lui fait oublier de vivre avec son fils Arnaud, jeune paumé perdu entre son écrivain de père et sa mère qui a fait carrière dans l'édition des livres de cuisine. Deux êtres pas forcément faits pour devenir des parents, pour fonder une famille. Arnaud, éternel enfant mal aimé, qui semble n'avoir aucun talent pour vivre par lui même s'orientera vers l'interdit, normal  ! et en mourra.

 Un climat désenchanté dans ce livre où des gens riches, intelligents, cultivés survivent  dés-ensemble . Un désespoir léger mais irrémédiable qui emmène vers une mort rapide pour le fils, lente, on présume pour ses parents qui reprennent dés la mort de leur fils, leur vie encore plus dés-ensemble. Lui, l'écrivain retrouve son envie de s'inspirer des autres, elle, en profite pour s'allonger et s'endormir. Et demain ? ils verront ... le fils, étoile filante, n'aura fait que traverser leur vie.

Je l'ai lu, ce roman avec un plaisir très modéré, détaché, sans m'intéresser vraiment. Je ne sais trop à quoi cela tient.  A moi, sans doute qui n'accroche pas à l'histoire, ni aux mots, et pourtant il y a une histoire et des mots !  En fait, c'est un peu trop tiédasse, pour moi. Les héros principaux sont  ennuyeux, attendus, convenus. Les rôles secondaires, eux, sont plus savoureux : une japonaise, un détective, une vieille américaine ... oui, les rôles secondaires me plaisent bien. 

5 juillet 2012

J'ai oublié de la tuer - Tristane Banon

Tristane Banon

Tristane Banon 1979

C'est un livre sur l'oubli. Le père oublie qu'il a un enfant adultérin. La mère oublie qu'elle a un enfant. La bonne Amira s'oublie dans l'alcool, L'alcool lui fait oublier toute mesure. L'enfant, Flore, oublie d'oublier, le temps d'un livre, l'amour maternel qu'elle n'a pas, la lâcheté masculine qu'elle généralisera, les attouchements qu'elle taira. Elle rêvera de tuer Amira, puis de se tuer. A 14 ans, Flore devient jeune fille au pair, dans une famille où elle peut oublier sa vie d'avant. A 17 ans, elle prend un petit studio et poursuit ses études. Elle s'étonne et nous aussi lecteurs que son monde ne se soit jamais écroulé.

Mais voilà, elle a ce don énorme cette jeune femme de vouloir oublier les pires passages de sa vie. Elle n'efface rien, elle choisit d'oublier.

'Fou comme on oublie, il suffit de laisser faire, je crois.'

J'adhère ! rien ne s'efface, jamais, mais tout peut s'oublier, pour peu qu'on le veuille, bien sûr.

5 juillet 2012

On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux - Robert Bober

Robert Bober

Robert Bober 1931

Il a un lourd passé ce Bober ... juif et d'origine polonaise, ce ne fut pas facile pour lui, sans doute mais plus chanceux que  les autres, ceux qui n'échappèrent pas aux exactions en tous genre des nazis à Berlin en 33 où il ne faisait pas bon d'être juif, ceux qui n'échappèrent pas, à Paris en 42, à la rafle du vélodrome d'hiver. C'est donc un survivant coupable de l'être qui va vivre une vie, plus intéressante que les autres, s'échapper de la banalité. C'est un chanceux, définitivement ce Bober, sans doute doué pour vivre. Il devient l'assistant de Truffaut pour 'les 400 coups, Jules et Jim. Il fera des documentaires sur l'Holocauste, le sort des juifs émigrés de Pologne, plus tard, ceux d'Ellis Island. Il a sans doute besoin de se rapprocher de tous les chanceux qui ont survécu. En 93, il écrit son premier roman ... C'est toujours le même sujet qui le hante, mais qu'il n'aborde jamais de front. Probablement est ce impossible pour lui, probablement est ce surtout inutile. 'On ne peut plus dormir tranquille quand on a ouvert les yeux' est une sorte de kaleidoscope,  difficilement résumable, où l'on voit une multitude d'histoires parfois anecdotiques, parfois dramatiques,chargées de mémoire historique, musicale, familiale, amicale, amoureuse ... tout s'emmêle, nous emmène dans un labyrinthe. Et au bout du labyrinthe, l'attend son père mort il y a longtemps.

L'écriture est simple, plaisante à lire. Les  petites histoires souvent décalées, mineures, banales, attendrissantes un peu comme des interludes, genre ' le petit train' de mon enfance à l'ORTF qui comblait une panne ... vous comblez quoi monsieur Bober ?   

C'est quoi le message, monsieur Bober ? il faut suivre sa route comme on peut, comme on veut, et au bout du compte, on a une réponse ...

Une réponse possible que vous donnez en citant Henri Calet :

" Je vadrouille autour de mon passé, j'en ramasse, ici et là, de menus morceaux, il en traîne un peu partout, je tâche à le reconstituer, comme si l'on pouvait exister une fois de plus ..." 

Exister une fois de plus. Est ce souhaitable ?

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