Rubens peut aller rhabiller ses nus académiques et charnus.
Freud, Lucian est son prénom, né en 1922, mort en 2011, petit fils du psychanalyste fait éclater les chairs féminines gélatineuses, vibrer les énormes cuisses,
dégouliner les graisses des ventres trop pleins, trembloter les chairs marbrées, vieillies, et pourtant il les magnifie ces femmes, leur rend leur féminité exquise et maniérée,
c'est une main fine et délicate,
une bouche enfantine, une posture d'abandon gracieux,
une fossette inattendue ...
En ce qui concerne les hommes, on ne voit que le sexe, cela dérange un brin,le sexe masculin. Ou bien, est ce, ce que cela suggère dans notre esprit qui dérange ?
Un inconscient collectif qui mêlé à une éducation moralisatrice donnerait aux attributs sexuels masculins dénudés une image dont la signification nous heurterait. Alors, on peut préférer d'autres versions que Freud voudra bien me pardonner.
Faut dire que Freud, n'est pas très clair sur le sujet, le peintre met en valeur ces pièces, d'une précision anatomique. Freud disait 'ce qui m'intéresse vraiment chez les gens, c'est leur côté animal'. Moi, je dirais plutôt que ce qui l'intéressait Freud, c'était de sexualiser le nu chez l'homme en l'exposant un peu plus qu'un autre. Il n'y a rien d'animal là dedans. L'homme dépasse largement l'animal. Freud se veut dégagé de tout fantasme sexuel dans ses nus, ainsi il peint ses propres filles, nues, outrancie les défauts physiques et les éloigne ainsi d'un académisme où la beauté idéale, n'aurait pour seul but que de suggérer de possibles fantasmes, sans bousculer la morale bien pensante ambiante. Mais voilà, il est quand même un peu ambigu, Freud, et ses nus qui dérangent, attirent, repoussent, posent de drôles de questions ... bravo monsieur Freud, il y a quelque chose de très humain et de très paradoxal, humain quoi, dans vos peintures.
Freud a donc choisi un hyperréalisme
outrancier parfois, mais comme il aime ses modèles, cet homme là, le peintre les a peints avec une grande tendresse qui se dégage dans la plupart de ses tableaux. Ses personnages réflètent toujours des émotions, même leur apparente indifférence est parlante.
Cela fait un petit moment que j'ai vu cette exposition à Beaubourg, 2 ans ou peut être ou plus, je ne sais plus. Mais seulement, maintenant, je trouve matière d'en
parler. Lucian Freud mérite le détour, et que l'on s'y plonge. Mais il faut que le désir d'en parler naisse; plus que d'autres peintres qui ont choisi une peinture plus ... moins ... autre. Lucian Freud est un peintre de l'extrême, du bord de l'abîme, de ces lieux habités et étranges comme le sont certaines forêts. Et j'aime beaucoup.
Ta Gueule, Sigmund, ce n'est pas à toi que je parle !
Faut aller vers Lucian, quand on est prêt. C'est un peu comme pour l'autre, en fait. Ils ne demandent qu'à s'exprimer ces Freud, si on l'on veut bien prendre la peine de les écouter ...
Et curieusement, je me sens aujourd'hui prête. Bon, y a encore du boulot sur le sujet. Lucian Freud nécessite que l'on y revienne.
A vous revoir.
Note pour ide :
Lire : La Bonne Étoile d'Esther Freud, une des filles de Lucian Freud.