L'an Mil en vrac et en gros
Exit les Carolingiens, Hugues Capet fonde la dynastie capétienne en 987. Les invasions ont chassé les riches des villes qui se sont retirés dans leur domaine campagnard et qui en 2 ou 3 générations, vont y perdre leur vernis social et culturel .... La nature rustique reprend ses droits ! Chez les miséreux, la famine domine, l'outillage encore débutant ne permet pas une culture des terres suffisante, seule la forêt pourvoyeuse en bois, cire, miel, baies et gibier nourrit également le bétail. Les céréales en bouillie constituent l'essentiel de l'alimentation chez les pauvres.
Hugues Capet est roi de France mais n'est vraiment un chef qu'autour de Paris et d'Orléans, pour les autres circonscriptions, un comte siège, il tient cette fonction par héritage ainsi que la dotation foncière. Pierre Charbonnier dans son 'Histoire de l'Auvergne' cite qu'à cette époque, en ce qui concerne l'Auvergne, il y avait 3 autorités sous le roi, le duc d'Acquitaine, le comte d'Auvergne, et un seigneur châtelain, par château, et vu que les châteaux pullulaient, les seigneurs aussi forcément !! Une forte aristocratie foncière s'est ainsi constituée; une puissance religieuse existe aussi dans les cités par les évêchés, les monastères que les aumônes des grands et des petits ont dotés. La France de l'an mil a ses esclaves : les serfs qui appartiennent à leurs seigneurs. Les paysans, eux ont des terrains en concession permanente et versent une rente aux seigneurs, ils leur fournissent les produits de la terre. L'aristocratie échappe à la disette et au travail. Le commerce existe par les foires, l'usage de la monnaie reste limité, et le troc est utilisé largement. Les conflits armés entre seigneurs étaient monnaie courante.
La culture est devenue le monopole des dignitaires du clergé. L'évangélisation qui dure depuis 7 siècles a solidifié l'église. L'évêque riche en terres est tout puissant spirituellement sur le clergé et sur les laïcs, son arme est l'excommunication. Il est secondé par une équipe de clercs qui constituent le chapître, les chanoines qui possèdent un patrimoine foncier particulier, distinct de la dotation épiscopale surveillent le clergé rural : des petites églises annexes campagnardes, propriétes du seigneur sont pour la plus part d'anciens oratoires privés et ont des desservants souvent rustres issus du milieu serf ou paysan, à la solde du seigneur.
Les moines à la différence des clercs ne s'occupent pas des âmes, mais de leur salut propre. Ces monastères sont prospères, les riches s'y retirent dans leur vieillesse, y placent des membres de leur famille. Ils payent à la communauté de substantielles aumônes en terres principalement. Les abbayes sont souvent des fondations privées intégrées dans le patrimoine d'une famille : les moines choisissent un abbé agréé par les seigneurs qui parfois eux même revêtent sans quitter leur style de vie la dignité abbatiale. Les seigneurs ont ainsi une influence pesante sur les ecclésiastiques.
En 910 le fondateur de Cluny change la donne en instaurant l'élection des hauts dignitaires en dehors de toute intervention extérieure donc seigneuriale.
Robert de Turlande naît en 1001, cadet, il rentre dans les ordres et officie à Brioude. Insatisfait, il fait le choix de se retirer du monde et choisit de vivre en ermite. Il s'installe un peu plus tard dans le Livradois près de la Dore et de la Senouire sur un petit mont et fonde la Casa Dei, l'abbaye de la Chaise Dieu en 1043. Une dizaine d'années plus tard Robert fonde un monastère pour femmes et choisit dans la vallée de la Senouire un village nommé Comps. Ce n'est qu'à la fin du 15ième siècle que Comps deviendra par autorisation royale 'Vallis Dei', soit Lavaudieu.
Les dames de Lavaudieu sont nées au monde religieux.