Comment dire ? me plaît-il cet artiste là ? sa sensibilité est elle proche de la mienne ? m'enivre t'il ? que nenni, mais il m'amuse, me fait échapper des petits tracas de la vie, me divertit, me fait évader quelque part, comme lui fait évader sa peinture de la toile, alors oui, j'en re-demande encore de ces plaisirs là ...
Lucio Fontana est un extrême, mais pas que, d'un classicisme assez ordinaire parfois, et puis soudain carrément génial dans ce dégoulinement sculptural qui me réjouit et me ravit, oui, oui, oui. D'origine italienne, Lucio Fontana naît en Argentine en 1899. Son père est architecte et sculpteur. Lucio débute dans son atelier. Il donne dans un certain académisme au début de sa carrière,
mais se démarque par la matière, du plâtre rugueux, par la polychromie et par un je ne sais quoi de modernisme. Puis il passe par une petite phase abstraite de sculptures qu'il ne poursuivra pas, une sorte de passage obligé peut être.Un éclatement total dans la céramique de 1936 à 1939 assez jouissif pour moi, où il donne du mouvement avec talent à la matière.
Lucio Fontana fonde en 1947 le spatialisme (Abandon de l'usage des formes connues de l'art pour le développement d'un art basé sur l'unité de temps et de l'espace) et déclare dans le Manifeste de l'art spatial (1951) 'Je ne veux pas faire un tableau, je veux ouvrir l'espace, créer pour l'art une nouvelle dimension, le rattacher au cosmos, tel qu'il s'étend, infini, au delà de la surface plate de l'image' source : Les mouvements dans la peinture- Isabelle Majorel et Patricia Fride-Carrassat.
Il y a du baroque et du futurisme dans l'art de Fontana. Fontana troue ses toiles en suivant des figures géométriques cercles, spirales. Il perce la toile, la terre cuite, le métal.
A partir de 1958, il fend au cutter ses toiles où il cherche ainsi, dit il à dépasser le cadre du tableau, à donner une nouvelle conception de l'art. Il parsèmera ses toiles de débris de verre, d'or, d'argent
il jouera à multiplier les matières en forant des plaques en cuivre, laiton ou aluminium qui déforment l'espace dans leur miroitement
Il rendra hommage à son père qui réalisait des monuments pour les cimetières et réalisera des crucifix en 1949
et ne pouvant représenter Dieu comme un humain réalisera ce qu'il nommait des 'Oeufs célestes'.
Fontana, c'est surprenant, un peu décalé, parfois excessif, c'est surtout très éclectique, avec une constante dans les matières, les formes et la couleur toujours présente. Les fentes succèdent aux trous de façon répétitive, c'est toujours le même but, pénétrer l'intimité en multicolore, donner à la toile une dimension dans l'espace en libre sensualité, sacré Lucio !