David d'Angers
D'abord il y a le site, particulier, le seul au monde qui existe sous cette forme, nous dira un responsable du musée, vrai ou pas, le site est à voir :
une union improbable entre une abbatiale gothique
et une verrière contemporaine.
où les statues de David D'Angers ne déparent pas, un peu décalées, un peu datées, de celles de ce siècle où la bourgeoisie naissante adorait les stucs, les moulages, les dorures, les miroirs, les grandes tentures, les pompons, les galons, les glands, les monuments funéraires, les statues, de ce siècle donc où la bourgeoisie un peu méprisée par la noblesse, en faisait, juste un peu trop ...
Fils d'un sculpteur sur bois, Pierre-Jean David est né en 1788 à Angers, pour le différencier du peintre David, on le nommera David D'Angers. Il enverra à la ville d'Angers qui lui avait octroyé une bourse, ses plâtres d'atelier. Il obtint le prix de Rome en 1811. Il se lancera également dans une carrière politique, sera député sous la seconde République, mais sera contraint à l'exil. Il meurt en 1856.
Il réalise des statues gigantesques, comme Gutemberg pour Strasbourg, Jean Bart pour Dunkerke, un peu chat potté à mon avis !!!, le Fronton du Panthéon
... où l'on reconnaît Voltaire
Et une galerie de têtes sculptées où David s'est efforcé d'afficher le caractère à travers la physionomie : théorie en vogue au XIX ème siècle dite physiognomonie qui pensait que l'on pouvait connaître le caractère d'un homme à partir des traits de son visage.
Goethe, cérébral, puissant et soucieux.
Paganini tourmenté, romantique, un Lamartine très très... étonnant
et un Balzac sensuel, sanguin et un peu trop débonnaire pour être honnête !
Très académique la sculpture de David d'angers, mais assez bonne dans les visages fort expressifs aux chevelures particulièrement travaillées.
Giacometti
Un échantillon d'Alberto Giacometti 1901-1966 à la Pinacothèque me laisse sur ma faim, en ce qui concerne l'homme aux sculptures longilignes et modelées, faites de 'grumeaux d'espace' selon l'expression de Jean Paul Sartre, mais suscite une rencontre-clin d'oeil avec la civilisation étrusque, rencontrée cet été, pas loin du lieu cher à Niki de Saint Phalle, Capalbio, en Toscane.
L'exposition met en scène l'inspiration possible qu'aurait provoqué la vision de L'ombre du soir, statue de la période helléniste de 300 avant JC, chez Giacometti. La rencontre entre la statue et le sculpteur a lieu en 1960, à Volterra, au musée étrusque. Giacometti commence à produire des sculptures élancées entre 1931 et 1934, comme celle de 'L'objet invisible', ou la Femme qui marche en 1936. L'intérêt des artistes de l'époque, comme Miro, Picasso, Matisse pour les objets d'art africain et océanien est sans doute partagé par Giacometti.
Ce n'est donc pas forcément convaincant, par contre ...
Il y a autre chose chez lui, qui ressemble à une obsession morbide, qui ne le quittera plus jusqu'à sa mort. Visions fugaces de femmes ou d'hommes qui marchent sans pouvoir jamais s'arrêter, symboles de notre mortelle condition ?
vision cruelle, lucide, de Giacometti qui voit dans les êtres sculptés, des êtres toujours solitaires dans leurs blessures, enfin dépouillés des rôles infligés, subis, choisis, débarrassés à jamais des faux semblants, des costumes divers que l'on porte au cours d'une vie, des êtres nus offerts au monde des morts vers lequel ils cheminent.
Des sculptures aussi dépouillées que ces morts-vivants, comme ces Femmes de Venise, dont certaines sont comme écorchées, cage thoracique, abdomen, ouverts, offerts, mystérieuses femmes qui portent en elles tous les tourments de Giacometti.
Il y a quelque chose de morbidement fascinant, chez Giacometti, qui met étrangement mal à l'aise, à analyser, un autre jour, plus tard, hasta luego, adios, à plus, monsieur Giacometti, la vie m'attend encore, pour un petit moment encore !
J'aimerais bien, en tout cas.
Musée Jean Tinguely Bâle
Après la Fondation Beyeler et son exposition sur Louise Bourgeois, son exposition consacrée au surréalisme avec des oeuvres en pagaille de Dali, Tanguy, Picabia, Hans Bellmer, Max Ernst, Magritte, Picasso, Miro et d'autres encore, s'est imposée une visite au musée Tinguely de Bâle construit par Mario Botta. Les sculptures de Tinguely emmènent dans une atmosphère particulière, ludique, rigolote, où l'innocence facétieuse d'un enfant surdoué n'est pas loin. Tinguely cela ressemble à une fête foraine sans la foule, il y a des lumières, des bruits, des grincements, des cliquetis, des objets qui se mettent en marche quand on le désire, des machines qui ne servent qu'à nous faire plaisir, sans autre utilité que de nous amener au monde magique d'une enfance sans douleur, sans souffrance, ce qui n'existe pas.
Accueil de Niki Saint Phalle avec une nana. Gwendolyn
Grosse Méta Maxi-maxi Utopia.
Gigantesque machine, avec des escaliers, des passerelles où l'on peut grimper et observer un joyeux foutras fait de rebuts qui trouvent là une seconde vie, un rouleau de lavage automatique, un cheval de carrousel, un rideau de théâtre, un bric-à-brac absurde qui met en joie le spectateur quand cette méga machine se met en branle, si elle le veut bien. Présentée en 1987 à Venise.
Le Safari de la mort moscovite 1989
Voiture squelette où la grande faucheuse a sa place, Renault safari assemblée pour une exposition à Moscou avec pour intention de montrer aux Russes l'absurdité des produits de luxe, symbole d'une voiture objet de luxe et de désir qui au fil des ans deviendra carcasse rouillée, et qui peut vous conduire à la Mort, passagère toujours présente.
Pit Stop 1984
Commande de la Régie Renault qui évoque l'arret de la voiture au stand. Composée de pièces de voitures conduites par Alain Prost et Eddie Cheever, projection de film sur écran inclus dans la composition.
Les cinq veuves et la Lotus 25/33 R6.
Eva Aeppli artiste suisse née en 1925 : oeuvre constituée de peintures, dessins, sculptures textiles. Épouse divorcée de Jean Tinguely dont elle aura une fille Miriam. Initialement Eva Aeppli avait conçu séparément les 5 veuves, Jean Tinguely l'utilisera pour créer un hommage à Jo Siffert mort accidentellement sur un circuit en 1971 en y ajoutant une Lotus qui fut conduite par Jim Clark mort lui en 68.
Jean Tinguely fut un passionné de course automobile, il avait pour habitude d'allier voyages culturels et grands prix. Il aimait l'esthétique des courses, la rencontre, parfois terrifiante, de l'homme avec la machine. Il voyait un rapprochement entre l'Art et la course automobile, reliés par cette absurdité de tourner en rond, de répétition, sans utilité réelle. Lui même qu'il qualifiait parfois de détraqué, de cas pathologique, ne se prenait pas au sérieux, était toujours à la recherche d'une nouvelle expression pas forcément rationnelle. La différence avec la course automobile résidait dans la lenteur qui était pour lui nécessaire : pouvoir représenter le mouvement lentement pour communiquer avec le spectateur.
Pour lui, la mort est présente partout. Le mouvement est l'éphémère, la panne vite arrivée, comme la mort vite arrivée dans la vie.
Petits assemblages qui font partie des Débriscollages, qui résultent du détournement de la fonction de l'objet, inclus les moteurs qui dans les sculptures de Tinguely ne font que des blagues, des bêtises pour nous amuser et nous donner une idée de l'absurdité de notre société qui nous pousse à consommer. Jean Tinguely disait qu'il était un assembleur.
Là une machine à faire des gribouillages inutiles. C'est une machine artiste et absurde.