Munch
Doit être à la mode ce peintre là, deux expositions sur Paris, l'une en 2010 à la Pinacothèque, l'autre en 2011 à Beaubourg avec le même désir de nous faire comprendre que Edvard Munch ne se résume pas à son"cri" , faut dire qu'on est un peu obtus !! la première exposition n'avait pas suffit à nous faire découvrir le joyeux drille qu'il y avait en Munch ... La seconde n'y incite pas davantage. En fait, il serait plus simple de dire que Munch, ce n'est pas un seul cri, mais plusieurs .... et que de pouvoir crier en peignant lui a fait certainement beaucoup de bien.
Chez Munch, il y a souvent des ombres noires menaçantes, des couleurs qui dégoulinent, une prédilection pour la couleur rouge sang, des visages tourmentés ou effacés .. des bouches qui hurlent, des yeux hagards, sauf quand il peint des enfants ou de très jeunes filles, il ne peut pas nous échapper que Munch est un être tourmenté, pas franchement optimiste, enclin à la mélancolie. Bien sûr, il connut sans doute des moments de bonheur, de joie, mais le bonheur n'était pas une recherche chez lui. Il a beaucoup crié Edvard, de douleur pour ses morts nombreux il faut le reconnaître, de jalousie, de solitude, de non joie, de plaisir masochiste peut être aussi. Nul ne nous le dira.
Il naît en Norvège en 1863, second d'une fratrie de 5. Sa mère tuberculeuse meurt 5 ans plus tard, le père médecin très religieux flirte avec la dépression, est plutôt coléreux, Edvard, enfant souffre de rhumatismes et d'insomnie, sa soeur aînée meurt de tuberculose à 15 ans et une autre Laura souffrira de schizophrénie. Un début de vie pas forcément idéal, seule la soeur de sa mère, Karen venue s'occuper d'eux leur apportera affection et soutien, elle aimait elle aussi peindre. En 1980, Edvard entame des études d'histoire de l'art.
L'enfant malade en 1885 est le premier tableau d'une série consacrée à la mort, il le reproduira, ce tableau, plusieurs fois . Il y a de la tendresse pour la mourante, en 1885, elle illumine le tableau très sombre.
En 1907, l'émotion est éloignée, la couleur éclate, la douleur anesthésiée, mais pas domptée, Munch se fera hospitaliser en psychiatrie un an plus tard.
Munch a une vision de la femme jeune, le deuxième âge de la femme, singulière, désirable par son corps, elle n'est pour lui que tromperie, l'homme est quoiqu'il arrive toujours une victime. Deux versions parmi d'autres de la femme vampire
L'une est sombre, l'autre pas, postérieure, plus gaie, plus fauve. Munch oscille toujours entre 2 états en permanence, il est attiré par le sombre, mais se soigne par la couleur.
Quand elle ne vampirise pas, la femme pleure, seule, la tête en forme de flaque de sang, la femme saigne .. il en a fait 7, ou un peu plus, je ne sais plus des versions de cette femme nue et abattue.
Version plus jeune, la fillette pas encore pubère, mais déjà cernée par l'ombre menaçante de la femme qu'elle va devenir, en 2 versions, l'une toujours plus colorée et gaie.
L'exposition nous dit que Munch s'intéressait aussi à la société dans laquelle il vivait. C'est vrai, même si il préfère nous montrer comme toujours la violence que cette société engendre. Je comprends mieux pourquoi on qualifie Bonnard peintre du bonheur. Munch, lui est peintre du malheur. Bon d'accord, la vie fut, sans doute, plus douce pour Bonnard.
Des autoportraits, il y en eut en pagaille, que ce soit en photographie, ou en peinture, Munch s'est beaucoup auto produit .. Dans cet autoportrait là, il était en forme, Munch, au sortir d'une dépression.
Et puis il y eut des tableaux bonheur, reposants .. on va clore sur ce bonheur là.
Yayoi Kusama
Originellement, chez Dame Kusama née au Japon en 1929, le monde a dû commencer par un pois, ce qui n'est pas entièrement faux, si l'on fait référence à l'origine d'un être humain : un ovocyte, et un spermatozoïde. Dans l'oeuvre de Yayoi Kusama , la femme est ovocyte, ronde, l'homme lui est phallus multiple.
Les phallus en toile, mous, s'accumulent sur des canapés, des fauteuils, dans une barque, dans des chaussures de femme
Ces pois sont récurrents dans son oeuvre et l'accompagnent , mêlées à d'autres formes inquiétantes, sinueuses nées de ses hallucinations qui envahissent son espace..
Ils seront ces pois, petits points invasifs sur de longues toiles, monochromes lorsqu'elle arrive à New York en 1957, puis dans sa période psychédélique, fort agitée, elle peindra des pois sur des corps nus, et se mettra elle même en scène. Puis jeunesse passée, assagie, elle créera en 1998 des espaces d'immersion totale dans des univers de pois multipliés par des miroirs.
Ses peintures actuelles, sont des grandes toiles, richement colorées avec des yeux, des profils de visage à la Cocteau, et des petites cellules remplies de pois.
On dit qu'elle en fait encore quotidiennement, elle vit dans un établissement de soins et peint chaque jour.
Cette femme là a un parcours peu commun, une vie originale, un psychisme hors normes, mais son esprit créatif nous ouvre des horizons différents, loin des shémas classiques. Voilà, cette artiste là ouvre des portes ...
Des ressorts de lit habillés pour le matelas et des gants de coton peints en ciel de lit. Drôle de lit pour une drôle de femme.
L'exposition commence et finit par la lumière, ludiquement, pour ne pas trop effrayer !! ses angoisses pourraient être les nôtres, et l'angoisse de disparaître se traduit par son obsession de laisser partout l'empreinte de ses pois. Avec les jeux de lumière, elle a raison, c'est plus gai, nettement plus gai.
Le Facteur Cheval
Drôle de bonhomme, un peu fou, têtu, ambitieux, volontaire, et follement humain jusqu'à une sorte de mégalomanie à la mesure de son oeuvre de pierres.
On dit que l'idée imaginaire d'un palais s'insinua peu à peu dans ses pensées, lors de ses longues tournées de facteur rural. Ferdinand Cheval né en 1836 n'y était préparé ni par son éducation, ni par ses études. Après son certificat d'études, il devint apprenti boulanger puis ouvrier rural où sans doute il apprit là à observer la nature. En 1867, il rentre dans les Postes. Deux mariages, 3 enfants, il connaîtra 3 deuils : 2 enfants et sa première épouse. En 1879, année de la naissance de sa fille, il commence à concrétiser son rêve, amasse des pierres et s'attaque à la construction d'un bassin et d'une cascade. Cela durera 33 ans. Le palais est achevé en 1912. Deux ans plus tard, il construit son tombeau au cimetière de Hauterives, cela lui prendra encore 8 ans. Il meurt 2 ans après en 1924 à l'âge de 88 ans.
Ce qui frappe chez cet homme pauvre, peu cultivé, c'est précisément son inspiration, d'abord orientale, ce qui est à la mode dans les milieux culturels de l'époque, mais sûrement pas à Hauterives, mais aussi médiévale, religieuse, et enfin régionale; on dit que Cheval était abonné, ou profitait d'un abonné, pour lire une revue 'Le Magasin pittoresque' , sorte de petite encyclopédie de vulgarisation.
La décoration abondante de cette architecture de style brut est inspirée de la nature, animaux, feuillages, petites grottes, Cheval utilise, outre les pierres, des morceaux d'os, des coquillages, des fossiles. Il y a aussi toute une symbolique pour Cheval dans l'élaboration de ce palais , le rapport au Temps : Cheval résiste ainsi au temps qui passe, à toutes ces morts qui l'entourent, grâce à sa ténacité 'Ma volonté a été aussi forte que ce rocher'. Pas moins de 63 maximes moralisatrices à lire, ultimes messages gravés dans la pierre de Ferdinand Cheval.
Cheval s'est ainsi acquis l'éternité.
car c'est ta récompense
ô sculpteur gigantesque
d'avoir réalisé ton rêve surhumain
va, tu peux bien graver
ton nom à chaque fresque
hier c'était le labeur
c'est la gloire demain.
Palais idéal du Facteur Cheval à Hauterives dans la Drôme.
Zaha Hadid Architecte
Née en 1950, en Irak, architecte, a fait ses études à Londres .
Construit en 2007 pour Chanel le musée d'art mobile (puzzle de 700 pièces) conçu par Zaha Hadid, initialement à la gloire du sac Chanel 2-55 s'est installé successivement à Hong Kong, Tokyo et New York. En 2009 la crise financière a fait remiser cette petite merveille dans des conteneurs au Havre, en attendant des jours meilleurs. C'est à Dominique Baudis, président de l'Institut du Monde Arabe, que l'on doit ce réveil de ce musée au Havre dormant. Chanel en a fait don à l'IMA.
Devant la façade sud de l'IMA aux 240 moucharabiehs, créée par Jean Nouvel, se love avec harmonie cette architecture ovoïde et racée.
Première exposition consacrée à Zaha Hadid, sous forme de maquettes, prototypes, films.
Un peu trop pointus, peut être les commentaires, pourtant nécessaires pour une ignare de ma trempe en architecture, mais la structure aérienne, l'atmosphère ouatée d'un cocon (un mien-ami-ver-à-soie m'a confié qu'il en ferait bien son cocon, si, si ... ) se suffisent à elles même. Au plaisir, donc de revenir dans cet espace, destiné à devenir lieu d'exposition de la création contemporaine arabe.
Léger à Biot
Il y a du carré dans l'homme, du construit, du raisonné ...
Il y a du théoricien chez Léger, une volonté de se démarquer des autres, et au final un style pictural très particulier qui interdit toute neutralité :
On aime ou pas, et moi je n'aime pas.
Les débuts de Léger furent comme pour beaucoup sans originalité, lui ne supporta pas et détruisit les premiers tableaux.
A Paris, il rencontre entre autres Delaunay
Il y a du cylindrique, du géométrique, une volonté de privilégier la forme. Tout autre expression pour Léger était romantisme et imitation. Fernand Léger 1881-1955 fait abstraction de l'humain et préfère l'objet qu'il reproduit de façon épurée, géométrique. Il ne déteste pas cependant lui fournir des bras, des jambes à cet objet. Et il le colorise un max.
Léger disait que l'expression dans un visage était un élément trop sentimental pour lui.
L'homme devait être un sacré bonhomme, c'est certain, mais je n'adhère vraiment pas à ses tableaux.
Il faut sans doute apprendre Léger si on en a
envie, et moi je n'en ai pas envie.
Blocage bizarre ....
Heu, Léger, pour moi, c'est comme un devoir de Maths !!
Et je ne me suis jamais faite aux Maths ...
il me faudrait peut être un
professeur qui m'enseigne Léger.
Tiens,
C'est rigolo une fleur qui marche !
Musée de Biot