Peintre né en 1962 en Chine, a d'abord dû travailler pour une entreprise de pétrole, à 23 ans en 1985, il va étudier l'art à l'école normale de Heibei, puis s'installe dans un village d'artistes marginaux et contestataires près de Pékin. Il fait partie du courant dit réalisme cynique, courant en opposition à la peinture propagande du pouvoir politique, qui, après les évènements du printemps de 1989 de la place de Tiananmen qui engendrèrent un nombre important de victimes, figea le processus de libéralisation entamé dans les années précédentes. Yue Minjun choisit alors de mettre le rire en avant, démesuré, exagéré, outrancier, monstrueux, caricatural. Il dit exprimer ainsi le tragique et le douloureux par l'intermédiaire du rire qui devient rictus, grimace, masque.
Un des tableaux les plus connus de Minjun, un qui a établi un record de vente pour un artiste chinois
Exécution est sans doute célèbre car il fait référence à ceux de Goya (1808), de Manet (1867), de Picasso (1951), revu, corrigé à la manière universelle en somme de Yue Minjun un seul visage pour n'importe quelle exécution, un seul visage qui associe les bourreaux aux victimes, un humain contre un autre humain, vous, moi, lui ... ses tableaux de cette époque (90-2000) représentent toujours un rapport de force, l'humanité contre les armes, contre la dictature politique qui muselle la pensée.
Yue Minjun peint dans un style comique des situations tragiques, douloureuses. Cela provoque au début le rire des spectateurs, mais si le regard persiste, on ne voit plus que le tragique qui s'impose. Quand il était enfant, faire la queue, porter les mêmes habits que les autres, participer aux activités collectives lui était normal, en grandissant il s'est rendu compte que cette forme d'esclavage imposée par le régime était
insupportable à vivre, et c'est ce qu'il choisit de montrer en peignant ses tableaux qui sont une accumulation de ce qu'il a vécu.
Une évolution, le rire laisse place à un monsieur tout le monde qui rit encore, mais
prend un peu de liberté.
Une période où Minjun peint des labyrinthes vers 2007/2008,
qui posent une question : Le peuple chinois arrivera t'il à s'extirper de sa propre culture ?
Et puis, une période de tourment pour le peintre, alors il a peint une feuille, l'a froissée puis redéployée, Minjun exprime par son art le ressenti de son tourment, le disloque et s'en débarrasse ainsi, sinon il serait devenu une souffrance,
cet autre tableau qui rappelle un peu Bacon, est une autre manière de s'échapper, de cet art cynique peut être, qui risque de l'enfermer ... alors il recherche d'autres possibilités ...
Le rire s'est peut être éclaté .... à voir à la Fondation Cartier.