Paul Gauguin 1848-1903
Sacré personnage ce Paul Gauguin, sacré parcours, ce qui ne peut rendre que grossière et erronée une interprétation de sa vie. Des dates bien sûr de départs et de retours incessants de la Bretagne à Paris de 1886 à 1890 en passant par la Martinique en 1887 avec un autre bref séjour fort célèbre en Arles en 1888. Suivra son premier départ à Tahiti en 1891 où il part, chargé à sa demande d'une mission (gratuite), afin d'étudier au moyen de l'art les coutumes et les paysages de ce pays, rapatrié sanitaire en 1893 il en écrira un livre 'Noa Noa', plus idéalisé que le réel vécu.
Suivront 2 autres livres Cahier pour Aline et l'Ancien culte mahorie qui marqueront peu son époque. Et puis l'ultime départ en 1895 dont il ne reviendra plus, son état de santé est catastrophique (paludisme, dysenterie, syphilis) et sa misère financière bien grande dans l'ensemble. Mette sa femme lui écrira une dernière fois en 1897 (suite à une lettre de Gauguin pleine de reproches, et oui c'est lui qui reproche, elle stoppera toute correspondance avec lui). En Septembre 1901 il se rend aux Marquises. il reste très productif et construit sa Maison du Jouir, il trouvera toujours des petites vahinés très jeunes dont il aura quelques enfants naturels. Il meurt le 8 Mai 1903.
Ses peintures, ses sculptures en bois, ses céramiques, ses gravures sur bois illustrent le déroulement de sa vie et montrent son évolution artistique depuis ses débuts d'agent de change aux revenus confortables où marié et père de famille il peint alors des scènes familiales puis confronté à ses amis peintres il s'essaie aux paysages
natures mortes, compositions en forme d'éventails jusqu'à l'époque sombre où après l'effondrement de la Bourse, son niveau de vie périclite parallèlement à sa vie familiale, il tentera bien de suivre en son pays sa danoise d'épouse, mais voilà, le désir de peindre sera si vif, l'invitation aux voyages si alléchante et sa belle famille si peu accueillante qu'il quittera sans remords femme et enfants pour se rendre en Bretagne
pour raison économique d'abord et pour la région aussi qui a son petit succès auprès des peintres. De retour à Paris, il part pour Panama puis retourne à Pont-Aven, il a la bougeotte Gauguin, il file ensuite à Arles. Sa petite enfance passée au Pérou, son passage dans la marine, son goût pour l'exotisme, tout concorde pour le décider à toujours voyager. On ne peut réellement parler d'abandon total de sa famille, des lettres seront échangées régulièrement, il reviendra les voir deux ou trois fois, Mette son épouse viendra récupérer des toiles pour les vendre, il enverra parfois quelques petites sommes, mais sa famille sera sacrifiée entièrement au profit d'une carrière qui connut des moments fastes et des moments de noire misère. Le peintre en lui a triomphé de l'homme. Riche vie que la sienne, où malgré son caractère peu facile, il eut de nombreuses relations amicales, avec lesquelles il se brouilla souvent : Pissarro, les frères van Gogh, Bernard, Schuffenecker, Laval, Degas, de Haan, des contacts avec la romancière Rachilde, Mallarmé, Mirbeau et beaucoup veillèrent sur lui jusqu'au bout. Ce n'était pas un sentimental Gauguin, plutôt sensuel le bougre mais égocentrique et voué à sa peinture, il collectionna maîtresses et enfants naturels. Il cauchemarda sa vie mais peignit ses rêves.
L'oeuvre de Gauguin est considérable et ce message ne peut que la survoler et de fort loin, y revenir peut être un jour si le hasard d'une rencontre s'y prête à nouveau. Peintures photographiées lors de l'exposition du Grand Palais qui se termine bientôt.