Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mémoire virtuelle d'une ide
peintre
17 février 2014

Berlinde De Bruyckere - Philippe Vandenberg

 La Maison Rouge accueille un couple insolite qui joue un pas de danse sur 2 temps, la vie et la mort.

D'après l'ennemi intérieur 2003 détail

La mort, Philippe Vandenberg 1952-2009 se l'est donnée, et ce n'est pas inattendu, il se dégage une souffrance extrême de ses peintures ou dessins, une vision apocalyptique d'un monde bien réel où se mêlent diverses inspirations, qui naviguent entre crimes de guerre (tortures, viols)dessin extrait du carnet Indonésie 1996et illustrations possibles pour livre sado-maso, une ambiguïté dérangeante non pas par le thème lui même mais par le caractère obsessionnel qu'elle révèle annoté d'écrits qui parlent de roi,extrait carnet sur la faculté d'être lièvre 1997

de pendus, princes, démons, d'entrailles ... il manque un peu d'explications au fascicule qu'heureusement on vous remet avant d'entrer.

Philippe Vandenberg né à Gand est peu connu en France, jusqu'en 1990, il était un artiste à succès avec des peintures abstraites où la recherche picturale primait. Les 19 dernières années de sa vie, il change de style, introduit des personnages qui sont en général torturés, saignants, violés, et qui révèlent les tourments d'une âme souffrante, d'un esprit en conflit avec le monde qui l'entoure, et plus grave semble t'il, avec lui même. J'aurais bien aimé connaître le peintre à ses débuts, une cohésion certaine doit relier les 2 reflets de sa personnalité, il aurait été intéressant de le constater par nous même. Il fera des études de lettres, de philosophie et suivra un cursus d'histoire de l'art, il entre en 1972 aux Beaux Arts de Gand, il est attiré par Le Greco, Goya, aime Le Titien, Ingres, Courbet, Ensor et Freud, qui sont des personnalités fortes et particulières.Philippe Vandenberg 1998

En 89 il peint des croix gammées, des crucifixions, des scènes de tortures,Tke Kiss 1989 P

la torture chez lui est toujours un peu suspecte dans ses tableaux où il nous transforme en voyeurs, il peint avec son sang, il répète inlassablement sur ses toiles ' kill them all and dance' et ' il me faut absolument tout oublier' (titre de cette exposition à Maison Rouge), tags ou slogans  expressions de sa révolte contre l'ordre établi, contre la violence du monde qu'il met en scène dans ses dessins, mais avec lucidité il écrira En fait l'horreur que je tente d'attraper dans certains de mes travaux, a plus à voir avec mes conflits internes, mes combats qu'avec une grande compassion ou générosité pour la condition humaine.  Et de ce conflit interne il n'en sortira pas vivant.  Les 3 tableaux qui précèdent l'exposition dans le couloir sont intéressants et donnent une autre image de Philippe Vandenberg. La photo n'est pas bonne, mais elle montre une facette moins obsessionnelle du peintre.Philippe Vandenberg

  

Berlinde de Bruyckere, née en 1964 à Gand, part de la mort pour arriver à une autre forme de vie. Elle ne s'attarde par sur les supplices endurés, les causes de la mort, elle passe immédiatement à la reconstruction, la restauration une métamorphose en somme !! Des membres humains transformés en bois, bon il y a souffrance quand même en écho à celle de Philippe Vandenberg, mais modérée, adoucie. De plus, se mêle pour nous une curiosité amusée de la technique suivie, des méthodes employées et aussi de l'admiration envers son esprit créatif. Elle utiliseCripplewood 2012-2013 B de Bruyckere

pour ses bois, des moulages, puis les remplit de cire, les colore en bleu pour les veines, en rosé pour le sang, En pensant à Philippe Vandenberg, elle imagine un dialogue entre les mantras répétitifs sur des carrés de papier collés l'un à l'autre du peintre et 3 sculptures d'arbres  en cire prisonniers de constructions métalliques ou de liens qui les soumettent, les torturent, les arbres en cire deviennent membres un peu saignants mais ces arbres-membres presque humains rappellent notre fragilité d'humains et notre devenir sans que cela soit morbide, bon un peu quand même ! Voilà, les oeuvres de Berlinde de Bruyckère nous laissent avoir notre propre interprétation, et donnent un sens plus élargi à l'oeuvre d'art. Et puis elle traite des mythes des contes et légendes lus et relus de mon enfance où les Dieux se montrent plus cruels et injustes que les humains, et les transforment en animal, en arbre au gré de leurs plaisirs, tiens un Actéon transformé en cerf et dévoré par ses chiens, ne reste de lui que des bois en cire, des os en cire,Actaeon III - B de Bruyckere

des coussins pour apporter un peu de douceur et de tendresse, je trouve cela assez caustique et drôle : Actéon s'est métamorphosé et est devenu Marsyas, un satyre qui fut lui écorché, quand je vous dis que c'est drôle !! je suis un brin de mauvaise foi. Pour arriver à son sujet cette sculpture nommée Actaeon  Berlinde de Bruyckere a fait des études à partir d'un corps de danseur RomeuDessin série Romeu'my deer' 2010-2011 - B de Bruyckerere

Runa, qui en a fait une performance où il dansait ses membres mêlés aux bois. Des couvertures, des coussins, des misérables petits choses humaines qui accompagnent ces métamorphoses, ces nouveaux organismes mutants qui au gré des expositions n'en finissent pas de renaître. Un érotisme toujours présent chez Berlinde de Bruyckère, un collier de cheval détourné, un sexe en cire qui évoque le féminin et le masculin le tout sous cloche comme la couronne de mariée de nos grand-mères. Cela me réjouit assez.

 Pour moi, il n'y a pas franchement de dialogue entre les oeuvres des 2 artistes, un clin d'oeil de temps en temps, peut être, mais je préfère penser que Berlinde de Bruyckere a choisi de donner à Philippe Vandenberg une seconde naissance, un devenir en somme, en nous le faisant découvrir un peu, sous son aspect le plus sombre. A quand l'autre Philippe Vandenberg  avec vos oeuvres précédentes Madame ?  

   

A voir jusqu'au 11 Mai 2014. 

Publicité
Publicité
3 janvier 2014

Zeng Fanzhi

IMG_0521

Né en 1964 en Chine. 4 ans à étudier l'art de la peinture à l'huile, occidentale et orientale. Marqué par Bacon, Pollock, Soutine.

Connaissais pas ce peintre, mais en lisant une revue d'art, mon regard fut attiré par une peinture, façon Pollock version très soft, façon Rosa Bonheur version modernisée (les critiques eux évoquent Le Lièvre de DürerHare détail mais ce n'est pas ce que j'avais retenu de lui, bien qu'effectivement cela se rapproche plus du lièvre de Dürer que ceux de Bonheur, donc une peinture qui me plut et attisa ma curiosité. Alors pour approfondir la chose, me suis rendue au Musée d'Art Moderne pour visiter monsieur Zeng Fanzhi. En ai profité pour découvrir aussi Serge Poliakof, ce qui constitue un autre petit moment intéressant mais plus intellectuel, me demandant plus d'effort !!! j'ai d'ailleurs commencé par Poliakof; et puis suis allée me délasser chez Fanzhi, oui c'est ça me délasser et me divertir.Zeng Fanzhi 2012

La première salle, ce sont les dernières toiles 2013 c'est donc Le Lièvre et des grands polyptyques où traits, brosses, pinceaux, projections se mêlent jusqu'à former un esthétique et gigantesque fouillis de branches qui laissent entrevoir des univers colorés que vous interprétez à votre façon, moi j'aime bien cet apparent désordre au final très ordonné pour celui qui veut y entrer.

Z Fanzhi

 

Untitled 2012

un petit paysage de neige, et un éléphant-licorne assez surprenant, un éléphant blanc

Tai ping you xiang détail

évocateur d'un poème d'un certain Lu You (1125-1210), sur la paix et l'abondance.

détail 2012

La seconde salle, des humains remplacent les animaux, une femme, un nageur dans une nature luxuriante

night 2005 détail

swimming 2006 détail

annoncent les polyptyques, un portrait de Mao où le visage de Mao se brouille de traits sur la place de Tian'anmen rouge sang.Zeng Fanzhi

 La troisième salle est l'époque des Masks de 94 à 2004, Fanzhi évoque peut être la difficulté  de ses compatriotes qui oscillent entre 2 mondes, européen avec les habits, chinois avec un masque reflet de leur culture qui impose un sourire affiché en permanence.

Masks 6 1996

A noter les mains grossières qui représentent le peuple ouvrier, paysan, soldat. il termine la série par un homme en imperméable rouge, les mains

Z Fanzhi (2)

sont rangées dans les poches, le masque ne rit plus mais affiche une gravité certaine. Idealism suit

Zeng Fanzhhi

le portrait se dilue, le masque va suivre ... un autoportrait où le masque a disparu avec des pastèques-souvenirs

ZF 2 1996

 clin d'oeil à sa jeunesse, à noter le foulard rouge que portaient les pionniers et qu'il n'eut pas le droit de porter; regret, fierté, on n'en saura rien !  un autre toujours en rouge, l'oeil regardant le regardeur, l'artiste s'est affranchi de toute contrainte, c'est mon interprétation, et revêtir un uniforme bouddhiste n'est pas anodin, je trouve.Self portrait 09-8-1 2009

La dernière salle marque les débuts de l'artiste où l'influence de Soutine est vive . Fanzhi

Ses scènes inspirées de ses passages à l'hôpital où il faisait ses ablutions quotidiennes ne sont pas celles que je préfère et de loin ni ses couleurs roses où humains et viande morte se mêlent même si je suis sensible au message. 

Zeng Fanzhi Dusk 1993

Meat

Ses personnages ne sont pas loin de ceux de Soutine. Et ce que j'aime chez Soutine ne me convient pas chez Fanzhi, je trouve qu'il y manque la grâce ! et oui.

Amusant ce parcours d'exposition à l'envers, une impasse qui vous fait aller des oeuvres récentes vers celles du commencement que je n'apprécie pas, et revenir alors lentement à celles qui me plaisent ...  

Et puis pour finir, un que j'avais oublié et qui me divertit par sa technique, Mao reproduit 3 fois en version de plus en plus brouillée de près, Mao si controversé mais pourtant ineffaçable.

ZF

19 décembre 2013

Georges Braque

Le port de L'Estaque 1906

Bien sûr, quand on pénètre dans la première salle, ce qui frappe avant tout, outre les êtres qui t'apprennent religieusement par coeur en restant des plombes devant tes tableaux sans considération pour les autres, donc ce qui frappe avant tout, c'est cette joyeuse et foisonnante couleur qui nous en met plein les mirettes, on est dedans, on se vautre sensuellement dans tes couleurs, on se roule  en imaginaire dedans, pinceaux vivants, à la manière des jolis modèles de Klein. C'est écrit pour ceux qui savent lire, c'est ta période de grand fauve OK , mais, tu restes raisonnable, Georges, tu ne fauvérises presque que des paysages, tu n'es pas un copiste de Matisse, tu t'en inspires, nuance ! tu parles de cette période comme d'un plaisir (toi tu dis peinture, moi je dis plaisir, car pour les peintres peinture c'est plaisir avant tout non ?), plaisir donc physique impérieux et nécessaireGrand Nu 1907-1908 Braque qui convenait à tes 23 ans mais qui ne pouvait durer, trop réducteur sans doute de l'idée que tu as de l'Art, trop réducteur pour ton imagination créatrice. Tu as une autre révélation avec les Demoiselles d'Avignon de Picasso, ce qui t'amène à faire le Grand nu en 1907-1908.

 Et puis tous deux, Picasso et toi Arbres à l'Estaque 1908

 vous vous lancez dans le cubisme, nouveaux aventuriers de l'art, car l'un comme l'autre, vous aimez expérimenter, chercher, trouver ...C'est fou

L'homme à la guitare 1912comme idée, mais c'est nouveau donc décrié, puis au final cela plaira, cela sera même copié par d'autres, puis détourné et dépassé comme tout mouvement en peinture.Le violon 1911 détail

C'est ludique, décoratif et ingénieux, surtout quand tu rajoutes des fins traits noirs et des touches d'opaline, là c'est carrément génial  ces touches qui rendent ta composition moins austère, on nomme ce cubisme analytique où le motif disparait. En 1911, vous introduisez des lettres, puis desLa guitare, papier collé 1912La Mandoline 1914Compotier et cartes 1913

morceaux de journaux, des papiers collés, votre fusion avec Picasso va durer jusqu'à la guerre, vous signez l'un pour l'autre, vous vous amusez à vous confondre, c'est esthéthique, innovant, c'est beau, mais cela ne m'émeut pas. Puis la guerre arrive, et tu es blessé, trépané et forcémentLa Musicienne 1917-1918

meurtri, en 1917 tu passes à ce que l'on nomme cubisme synthétique avec La Musicienne, trop anguleux pour moi, trop mathématique, trop froid;  rapidement tu remets un peu d'humanité dans tes toiles où abstraction et figuration se mêlent, tu rejoues avec les couleurs et les formes, c'est ta série des guéridonsLe guéridon rouge 1939-1952billards, natures mortes1920 Le buffet

Nature morte à la clarinette 1927

          où violons se mêlent aux fruits et autres objets, tu diras que tu tripotes, que tu travailles avec de la matière et non pas avec des idées, on retrouvera ce joyeux fouillis où pourtant chaque objet joue un rôle pour toi, non par leur fonction usuelle mais par le lien qui les unit, dans la série des Ateliersatelier VIII 1955 (2)tu en peindras  8 entre 1949 et 1956, tu laisses à nouveau de la place pour les regardeurs que nous sommes, tu nous permets de pénétrer à nouveau dans ta peinture où tu broies tes couleurs, tu ajoutes du sable, de l'huile, tu joues avec la matière; le plaisir revient pour moi. Tu finis en beauté, Georges, même si cette finitude te met du bleu à l'âme, même si la guerre te fait ressurgir un passé qui te hante, tu peins des vanités en 1939Vanitas 1939

 que tu surcharges de sable, de sciure de bois, ou de limaille de fer et ça, tes peintures de ces moments là, j'adore, tu vibres, tu sors de ta réserve, tu es humain Georges, j'exulte.

La Chaise 1947

J'adore ta chaise qui date de 1947 petit moment de bonheur pour toi, petit bonheur pour moi. Tu te défoules aussi avec les Oiseaux, fort décoratifs, heu ya du Matisse en eux, si cela t'a fait plaisir, Georges pourquoi pas, mais je préfère et de loin  La Sarcleuse

La Sarcleuse 1961-1963

ou le Brabant et tes derniers paysages qui sont pour moi la fin d'un cycle, épais, un peu pâteux, un peu trop, tes derniers paysages j'aime aussi, c'est la fin de ta vie (1963) dont  on connaît peu de choses, tu aimais les belles maisons, les belles voitures, la musique, la poésie, le silence et la peinture. Tu avais l'amitié fidèle, l'amour aussi avec ton épouse qui partageait ta passion pour la musique. Le chant de colza 1956-1957Ta peinture nécessite que l'on y consacre du temps, plus qu'un autre; tu as assuré une certaine continuité de style sans trop en donner les clés. C'est à nous de les trouver, pas les tiennes d'ailleurs mais les nôtres celles qui nous permettent d'entrer dans ta peinture. Et cela exige de ma part un peu d'effort à fournir ! L'exposition du grand palais est riche, un peu trop même, alors revenir un jour dans tes toiles peut être.

28 novembre 2013

Frida Kahlo

Imogen Cunningham

Tu sais, ma belle cela fait un peu plus de 2 ans que j'attends de voir tes toiles, en même temps il y a 2 ans j'étais occupée ailleurs avec mes mourantes ... alors au final c'est bien tombé ce retard. J'ai eu le temps de t'apprendre un peu.

L'Orangerie, c'est un joli nom pour te recevoir, c'est cependant bien occupé déjà avec Monet et la collection de Paul Guillaume, alors forcément dans cet endroit trop exigu pour toi, tu es un peu à l'étroit, d'autant plus que ton Diego prend, aussi, beaucoup de place. Bon en même temps, tes toiles ne sont pas si grandes, mais j'aurais aimé en trouver un peu plus. Parlons en donc un peu de ce Diego, il fut l'un des hommes de ta vie, il y en eut d'autres qui comptèrent mais le talent de peintre, la présence rassurante et confortable de Diego Rivera, son engagement politique en firent ton préféré, celui qui s'occupa de toi jusqu'au bout, celui qui ferma tes beaux yeux. Tu étais belle Frida et multiple, tu cultivas toujours une ambiguïté avec ton imageFrida Khalo 1926 2

 ton double était un beau jeune homme te ressemblant comme le frère que tu n'eus pas, ton double était aussi une Frida narcissique en bonne santé qui devait le montrer au monde épaté ! Tes tableaux Frida sont parfois des planches anatomiques surréalistes, une sorte d'éducation sexuelle cauchemardesque pour adolescents curieux ou amateurs de petites horreurs :

Frida Khalo 1932

 un réel exutoire pour toi,  la peinture, toi qui vécus toujours avec l'intolérable souffrance :  La polyomélite à 6 ans qui te laisse infirme de ta jambe gauche et puis ce terrible accident d'autobus en 1925 à 18 ans où une rampe de bus te transperce : fractures de la colonne vertébrale, du col du fémur, des côtes, de la jambe gauche, du pied droit, de l'os pelvien, rein endommagé, abdomen transpercé jusqu'au vagin ... inventaire fou et dantesque de tes blessures ! et pourtant tu eus le courage de tout surmonter avec un humour que l'on disait noir; alitée le corps emprisonné, ton ciel de lit-miroir, tu commenças à te peindre, 56 fois, ton premier autoportrait est idyllique, romantique, la Frida qui est morte à jamais disparue.

Frida Khalo 1926

La réalité est plus dure, l'image plus dure, virile pour oublier la blessure faite à ta féminité.. Cette photo prise par son photographe de père date de 1926. Bien sûr tu connais de réputation Diego, bien sûr cet homme étonnant de vie, cet artiste célèbre, te plaît, bien sûr ta causticité spontanée et fraîche lui plaît aussi, vos deux talents pour la peinture, votre goût pour la révolution et votre pays feront le reste. Il y aura par la suite tes amours avec d'autres hommes brillants, Trotski, Breton,  et d'autres que l'on te prête à tort ou à raison, et peu importe, il y aura tes désirs avortés d'enfant,

Frida 1945

il y aura des chiens, des singes, des perroquets, des chats, petits compagnons qui rempliront ta solitude, il y aura des tromperies plus cruelles de ton Diego que d'autres et seule tu le fus souvent comme le sont les êtres qui souffrent physiquement et moralement.Frida Khalo

Tu seras opérée moults fois, tu porteras un corset, tu te déplaceras en fauteuil roulant, et même en lit, tu meurs jeune à l'âge de 47 ans en 1954. Les douleurs à manier le pinceau te restreignent le geste, te broient le dos et expliquent sans doute que tu ne te sois pas lancée dans de grandes toiles. 

Et puis il y a les petites surprises où tu es différente, ce Masque où tu pleuresLe masque

 toi qui d'habitude te peins droite, fière et impassible, ce petit poussin délicat et sobre si solitaire dans ta peinture extravertie et colorée.

Fr Kahlo

ce cercle de 1950, où tu n'es qu'un corps de femme, aux seins, au sexe offert, amputé et sans tête, libre de ne plus souffrir ni dans ton corps ni dans ta tête, une femme tronc belle, une gourmandise offerte, quelle femme-volcan tu aurais été sans tes blessures !! (oui c'est mon interprétation très personnelle), petite

Le cercle

peinture sombre, peinte sur aluminium. Nul doute que ton dramatique destin a déterminé ta peinture, limité ta vie, nul doute que tu aurais évolué autrement si seulement si ...

Celui là, je l'aime bien aussi, un petit foetus, quelques larmes et le soleil quand même.

Le soleil et la vie 1947

.

 

  

19 novembre 2013

Erin Lawlor

Erin lawlor 2010

Erin Lawlor 2012

Evoquée par Abdelwahab Meddeb sur France Culture, alors qu'il recevait Najia Mehadji, entendu le rapprochement fait entre la peinture de cette dernière citée avec Erin Lawlor. Et moi, superbe ignorante, ai voulu en savoir un peu plus sur cette peintre Erin Lawlor .. on ne peut tout connaître, hélàs, une vie même bien remplie n'y suffirait pas, alors chercher par tous les moyens des bribes de savoir entendues, vues ou lues, et surtout s'en souvenir ! Pas de tri intellectuel ou réfléchi chez moi, uniquement l'instinct que cela me plaît, alors le garder en mémoire. Ce blog m'y aide un peu.

Erin Lawlor est née en Angleterre en 1969. Vit et travaille en France depuis 1987.

Elle utilise des brosses larges, joue avec les ombres et les couleurs.

Son site : http://erinlawlor.com/

'Une ouverture vers les hasards/accidents qui s'opèrent sur la toile, l'instant qu'on laisse survivre'

Citation d'Erin Lawlor. 

L'instant qu'on laisse survivre, voilà qui me plaît bien.

Publicité
Publicité
12 novembre 2013

Najia Mehadji

Drapé Najia Mehadji

Née en 1950 à Paris, peintre franco-marocaine.

Calligraphie, drapés, volutes, fleurs, inspirée par sa double culture.

Fleur de grenade 2003 Najia Mehadji

Pinceaux chinois, sticks, craies à l'huile, acryliques, encres, fusains, gouaches, aquarelles, graphite

Mouvements des derviches tourneurs, tracés amples sur fonds monochromes

Danse mystique Najia Mehadji
Langeac

Papier, toile brute, toile ....

Eros et Thanatos 2009 Najia Mehadji

en vrac, en bric-à-brac, en fourbi, en bazar, en n'importe quoi ... en grosfouillis quoi, quelques toiles  pour me faire une idée du travail de l'artiste, car, une écoute de France Culture, c'est bien, mais voir son travail est mieux, même si le ressenti lors de la visite d'une exposition manque terriblement.

 site de l'Artiste : http://www.najia-mehadji.com/

25 septembre 2013

Nunca - Da Cruz - Artof Popof

Nunca

Vitry sur Seine est une ville où l'art est présent, partout, sur les murs peints par des artistes du street art célèbres dans le monde entier, dans les rues avec plus de 120 sculptures, peintures céramiques etc ... un autre musée à ciel ouvert.  

Francisco Rodriguez Da Silva dit Nunca1983 est originaire de Sao Polo, utilise bombes et pinceaux. Il utilise son art pour défendre la culture brésilienne originelle indienne. Il combat ainsi la surconsommation de la civilisation moderne où l'indien marginalisé se perd.

Vitry sur seine

Da Cruz artiste d'origine portugaise qui  a débuté ses tags pour défendre son quartier de l'Ourcq et lutte ainsi à sa manière contre la rénovation urbaine qui consiste à raser des quartiers populaires au profit d'immeubles de luxe.

Artof Popof a été marqué par son père originaire d'URSS, journaliste qui connut le goulag, réfugié politique en France. 

A suivre ....

25 juin 2013

Simon Hantaï

Pas aisé à suivre le Simon Hantaï un vrai labyrinthe. Faut dire qu'il a laissé peu d'indices, secret, pas très bavard, un peu sauvage, pas franchement préoccupé par son image, il se retirera de la vie sociale : il y a 15 ans, je me suis placé en dehors. Je me suis retiré du centre, parce que vouloir se placer au centre n’a aucun sens, interdit d’avoir une vision critique. Il ne reste qu’une fonction sociale. Alors, je suis rentré dans l’atelier, sans considération du marché, librement. C’était la seule solution. Sinon la peinture devenait de la chose, du produit. C'était en 1982 à l'âge de 60 ans.

Peut être était il au bout de ce qu'il désirait exprimer en peinture, peut être désirait il vivre autre chose.

Né en Hongrie en 1922, il suivra après des études pour être ingénieur, les Beaux Arts à Budapest, il y rencontrera en 1945 sa femme Zsuzsa Biro. En 1948, après un passage en Italie, ils viennent s'installer à Paris.Les Baigneuses

 Les Baigneuses sont un tableau particulier, je trouve, une sorte d'exercice, une inspiration venue des musées, un essai pictural, rapidement Simon Hantaï s'intéresse aux mouvements en vogue, le surréalisme alors en déclin, lui convient par les expériences apportées : collages, découpages, pochoirs, raclages, inclusion de végétaux, d'os, plumesL'arbre des Lettrés

Femelle-Miroir II 1953

Regarde dans mes yeux

 

... et il produira plusieurs tableaux avec une touche assez personnelle, très anatomique, disséquée ...en 55, il abandonne ce style et s'intéresse à Pollock et à Georges Mathieu, et Simon Hantaï s'éclate en même temps que

Peinture 1954

Peinture 1956

Peinture 1959

sa peinture : il éclabousse sa toile de couleurs vives, recouvre le tout de peinture sombre, puis racle, d'un rythme quasi musical  à l'aide d'un cercle métallique de réveil-matin; une calligraphie étrange, joyeuse, harmonieuse et finement travaillée.  Simon est un grand lecteur de textes philosophiques, de textes religieux, il y a chez cet homme un côté maniaque, obsessionnel et sublimé, intelligemment utilisé, durant une année il recopie sur une toile recouverte de peinture blanche une partie de la liturgie catholique à la plume et à l'encre, une forme de méditation initiée par la monotonie de la copie écrite à l'encre rouge, verte, violette, noire. Et puis il recouvre ces textes d'autres écrits de SaintPeinture 1958-1959 Ignace de Loyola, Hegel, Heidegger ... bientôt aucun texte ne sera plus lisible .. de visible il y aura une croix, une étoile de David, des rectangles, un peu d'or et émerge une couleur pourtant inutilisée le rose : Peinture écriture rose 1958-1959. Les premiers à plier furent Matisse et Cezanne, Simon Hantai s'y mettra à partir de 1960, il froisse la toile, la plie, le recouvre de peinture, puis la déplie. J'ai été pris par le pli, j'ai pris le pli, le pli m'a repris Le blanc, le non peint devient primordial, Hantai parle de peinture trouée.Simon HantaïMariale Détail

Les Mariales sont les manteaux des Vierges de son enfance catholique ou d'Italie; il est slave, Simon, un peu excessif donc, alors il lui en fait des mètres à Marie, de toutes les couleurs ....et puis il revient un peu dans l'idée de ses premières peintures viscéralement peintes, en 'abstractant' un maximum, alors des panses  où la toile est nouée aux 4 Panse 1964

angles, peinte, dépliée, repeinte, redéployée etc ... des sacs-ventres où chacun y voit ce qu'il veut ...et puis il déménage, va s'installer à la campagne, à Meun un village près de Fontainebleau pour voir pousser dit-il l'herbe et ses enfants, on est en 1966, il peint alors plus épuré encore, plus abstrait, plus ...., moins, il s'essouffle un peu, et intitule ses oeuvres de lassitude, les Meuns.Meun 1968 Et puis un regain, il terminera les années suivantes par les Tabulas où le pliage différent quadrille la toile, crée des fentes partoutTabula 1975

Il les dédie à Piero della Francesca et à sa Madonna del Parto. Retour à la Vierge parturiente, retour à la Mère. Fin du voyage pictural. Simon Hantaï garde une partie de son mystère.

De 82 à sa mort en 2008, il ne peindra presque plus et se consacrera à ce qu'il voudra, aimera ... il vivra.

La musique l'a accompagné, tout au long de sa vie, ses 3 fils sont musiciens, Pour Pierre, le clavecin, pour Jérome, la viole et la flûte pour Marc, ils forment le trio Hantaï. L'exposition dure, à Beaubourg jusqu'au 2 septembre 2013.

Simon Hantaï 1974

Mère de Simon Hantaï

 

 

11 juin 2013

Gustave Moreau

Musée Gustave Moreau

On le nommait ' le solitaire de La Rochefoucauld', oui, il habitait rue de La Rochefoucauld à Paris, une maison atelier offerte par ses parents, bourgeois cultivés et aisés. Solitaire ? sans doute sur le tard, en tout cas, pas très mondain, le sieur Moreau, plutôt casanier, sa mère pour la tenue de la maison, son amour, un seul connu, qu'il installa dans un Gustave Moreau 2Gustave Moreau détailappartement à côté de chez lui. Les honneurs lui plurent pourtant, des médailles reçues lors des salons, une légion d'honneur, nommé au grade d'officier, reçu à l'Académie des Beaux Arts où il postula ... solitaire, mais aimant être reconnu pour son art, et désirant rester dans la postérité, touchant donc cet homme ...

Son atelier est sympa, grand, clair, avec un très bel escalier, le logement est constitué de pièces petites, sûr qu'il ne faisait pas salon, Moreau ! Un brin narcissique, un brin ombrageux, un artiste donc normalement constitué ! Sa particularité fut de ne vendre que 400 toiles,  a accumulé le reste chez lui : 850 peintures ou cartons, 350 aquarelles, et plus de 13000 dessins et calques.

Gustave Moreau 4

Panneau n°2 de La vie de l'humanité Gustave Moreau

Les Argonautes 1885

Gustave Moreau

C'était un excellent dessinateur, bon coloriste, qui adorait emplir le vide, un fourmillement de personnages, une curiosité avivée, un sacré homme ce Moreau, symboliste, mythologique, mystique ....  

Moreau 1826-1898 se voulait peintre d'histoire, la bible et la mythologie l'ont inspiré, il mélange les genres et travestit à sa façon ses personnages, il emprunte dans des ouvrages sur l'inde, la Perse, l'Egypte  les palais, les bijoux, les accessoires et laisse aller son imagination débordante. Ce qui donne des êtres un peu croquignolets, presque futuristes, semblables aux héros de nos films pseudo mythologiques comme la lignée des Percy Jackson,  particulier ce prétendant, ou bien est-ce Ulysse terrassant les dits prétendants de sa Pénélope tricotante ? Délicieusement kitsch sa petite Sphinx lovée, les griffes fort gentiment agrippées au chiffon qui couvre à peine la nudité d'un Oedipe androgyne.Gustave Moreau 5

 Trop exigeant, perfectionniste, il voulait toujours ajouter un détail, et nombre de tableaux dans cet atelier en chantier depuis plusieurs années ne furent pas achevés. Une légende parfois serait nécessaire pour lire les oeuvres de Moreau d'autant plus qu'il donnait à travers ses oeuvres un message très personnel, non dénué d'un certain hermétisme. 

Le musée devrait être fermé à partir de Juillet pour une durée estimée à 5 mois, un aménagement d'autres pièces qui permettra d'exposer d'autres toiles ...  J'aimerais y revenir dans ce musée et vous ?

30 mai 2013

Tamara de Lempicka

T de Lempicka

T de Lemp

Amusant de voir en ce moment à Paris, deux femmes peintres qui connurent un succès franc durant leur époque, l'une et l'autre reines du tout Paris, ayant une vie mondaine active, 2 femmes, particulières, extrêmement différentes dans leur peinture et dans leur vie. Née 15 ans après Marie Laurencin, en Pologne en 1898, cette femme là se révèle aussi singulière que Marie, avec un style bien à elle que l'on reconnaît, comme celui de Marie, mais mieux née que Marie, elle fut beaucoup beaucoup plus riche par son second mariage, beaucoup plus mondaine aussi, elle fit partie aussi de l'élite sociale tendance aristocratique, fut une femme moderne libre et libérée. Marie a vécu une vie riche en rencontres, fit partie de l'élite intellectuelle nouvelle mais sa discretion la démarque de Tamara qui fut toujours en représentation, qui exulta, comme ses nus où une chair ferme mais rebondie puissante et charnelle attire ... loin des formes éthérées de Marie. Tamara posait en robe de soirée quand on la photographiait dans son atelier, Marie, elle posait en tablier de cuisine ... cette distinction loin d'être anodine reflète leur personnalité si différente, et pourtant d'elles restent la même marque dans l'histoire, la peinture féminine des années 20/29. 

En 1920 Tamara est à Paris, sa fille Kizette vient de naître, Tamara qui a 22 ans suit les cours de Maurice Denis et d'André Lhote, en 22 elle expose au salon d'automne. En 1920 Marie âgée de 37 ans a suivi son mari en Allemagne, divorce et revient à Paris au printemps 21. Sa première exposition personnelle a lieu à la galerie de Paul Rosenberg. C'est le début du succès  pour Marie, portraitiste demandée, c'est l'époque des décors et costumes de ballets. Elles auraient pu se rencontrer à ce moment là, mais cela ne se fit pas, en 1937 Tamara  a 39 ans elle expose au Salon des femmes artistes modernes dans le cadre de l'Exposition universelle à Paris, Marie, qui a 54 ans, aussi. On ne sait si elles se rencontrèrent, on peut le penser mais cela ne marqua ni l'une, ni l'autre !  On les vénère aujourd'hui comme des représentantes de l'Art de cette époque particulière que fut l'entre deux guerres, cette période qui s'étendit de 1919 à 1929 dite Années folles. Ces deux femmes là si peu ressemblantes se caractérisent toutefois par leur singulière liberté à faire une peinture reconnaissable entre toutes, l'une optant pour la douceur de longues femmes éthérées aux couleurs délavées, l'autre pour la puissance charnelle, la sensualité de corps de femmes épanouis, se pâmant. Les 2 appartiennent à cette courte époque où l'homosexualité féminine fut bien tolérée dans leur milieu, et chacune en profita grandement. Femme de profil vêtue d'un châle

La Diseuse de bonne aventure

Au début de son activité de peintre, les femmes de Tamara de Lempicka sont massives, les visages frustres ou bizarrement masculins, Tamara ne cherche pas vraiment de style  ... elle peint alors plus par plaisir que par ambition réelle qui viendra plus tard, lors de son premier divorce où elle aura des besoins financiers

Nu assis de profil

Nu assis

Puis un voyage à Rome en 1925 l'initie à la Renaissance italienne, les femmes restent rondes mais deviennent belles, Tamara créera un type de femme, une garçonne, athlétique, voluptueuse etLa Dormeuse

Le Rythme

correspondant à une beauté convenue, avec souvent un regard très spécial, à la fois indifférent mais exprimant une certaine sensualité aguicheuse ... Nu à la colombe

La Tunique roseElle fera bien sûr des portraits de femmes du monde, qu'elle mettra en

Jeune femme à la colonne carrée

Arlette Boucard aux arums 1931

scène avec des robes de grands couturiers qu'elle portera elle même avec élégance, son second mariage lui apportera la fortune, même si elle vit de sa peinture fort confortablement. 

 A partir de 1933, elle se lance dans une série de vieillards, mendiants, saintes,  et reviendra aux portraits un peu plus tardLempicka

 je m'en tiendrai là pour cette fois ci, en ce qui concerne la peinture de Tamara de Lempicka; tout comme celle de Marie Laurencin, il faut éviter le piège de ces 2 expositions, fort belles l'une et l'autre, mais trop orientées à mon avis .... on est un peu trop dirigé. Ces peintures ne me touchent pas vraiment, je reconnais le travail d'artiste que je trouve toujours extraordinaire, moi qui n'ai aucun talent artistique, mais pas d'émotion particulière pour les peintures de Marie Laurencin, je suis sensible par contre à la sensualité puissante et animale qui se dégage de certains nus féminins de Tamara Lempicka.

La Belle Raphaëla

Nu aux voiliers

  

 

 

A vous revoir, donc, vous regarder autrement, vous connaître un peu mieux.

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>
Visiteurs
Depuis la création 889 570
Publicité
Newsletter
Publicité