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Mémoire virtuelle d'une ide

5 mai 2012

Christ Saugues

 

Saugues Christ

Jo Gires

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4 mai 2012

Dame de Saugues

Exposée à l'hôtel Dieu, elle avait fièreDame Saugues allure, un peu austère, sévère, antipathique même, et curieusement dans son églDameise Saint Médard, à Saugues, dans sa cage, à l'abri des regards, presque cachée, elle semble plus humble, plus douce, plus ronde, en même temps, elle a un peu perdu de sa morgue, de sa force, de son côté hiératique .. bon une question d'éclairage certainement, une question de perspective, une question d'appareil photo moins performant, sans doute, car elle est située en l'air cette Dame à Saugues, il faut grimper sur un banc pour la prendre en photo, mais n'empêche, le doute s'insinue ! il y a beaucoup de copies de ces statues, que l'on offre aux curieux à la place des originaux cachés en lieux sûrs ...

dam sdam sauPlis couchés des voiles-capuches à hauteur des oreilles, cheveux cachés, voiles porté bas sur le Dame Saugues détailfront, plis des tuniques repassés en vagues moulant le corps, enfants aux cheveux courts ramenés sur le front, jambes de biais, enfants identiques tenant un livre fermé, les pieds des Dames sont rognés, les mains sont longues. Mis à part la face, elles sont donc identiques, alors peut être que cette Dame a plusieurs visages à offrir, comme la vérité ! Cette Dame du XII ème siècle, sans doute du même atelier que sa consoeur Dame d'Estours résidant à Monistrol,  mesure 70 cm, est en bois polychrome; sur une photo prise en 1895, son visage etait noirci, elle a donc été restaurée mais a bien souffert des ans, quand même, cette Dame là.

 

2 mai 2012

6 mois à vivre

Marie DeroubaixMarie Deroubaix 1953-2011

Témoignage d'une femme qui à 56 ans est atteinte d'un cancer du poumon qui métastase, 16 mois plus tard au cerveau, sans espoir de guérison. Marie choisit de renoncer à tout traitement susceptible d'engendrer une plus grande souffrance encore. Elle refuse la chimiothérapie, la radiothérapie, en explique ses raisons, et constitue un dossier en Belgique pour mourir, euthanasiée.

 

 

christiane singerChristiane Singer 1943-2007

Écrivain. Lorsqu'elle apprend qu'elle n'a plus que 6 mois à vivre, elle décide d'écrire un journal  qui sera publié sous le nom de 'Derniers fragments d'un long voyage'. Catholique, elle choisit de vivre sa mort jusqu'au bout. Plus littéraire et plus philosophe que Marie Deroubaix, elle a une perception différente, qui sublime presque la mort. Littérature ou réalité ?

Deux manières différentes d'envisager cette condamnation à mort.  

 

Pour une troisième, très proche, il y eut à la fois, impérieux désir de vivre jusqu'au bout en supportant les pires souffrances engendrées par les traitements, volonté farouche et angoissée de se maintenir en vie à tout prix avec un énergique et constant refus de la mort . Ce sont nous, les non malades, qui l'avons accompagnée jusqu'à sa mort, qui avons craqué.

Je me demande ce que de tels témoignages peuvent apporter aux autres, mis à part pour les proches, mis à part pour ceux qui les écrivent. Chaque histoire est unique et se déroule pas à pas selon l'acteur infortuné qui la vit. Bien portant, on peut avoir un avis sur la question, être interpellé par ces approches différentes, mais je crois que ce n'est que confronté personnellement au problème que l'on se forgera une idée  sur la démarche à suivre : soins pallatifs, euthanasie à l'étranger, refus des soins etc ... 

Et si on peut l'éviter ce problème, ce sera bien.

30 avril 2012

Berthe Morisot

Berthe Morisot est née la même année que Renoir en 1841. Mallarmé naît l'année d'après en 1842. Monet l'année d'avant en 1840. Voilà pour la maternelle. Dans la cour des grands, il y a Degas âgé de 7 ans, Fantin Latour âgé de 5Bert Morisot ans et Manet âgé de 11 ans. Rien que du beau monde qui se côtoiera rapidement. Si les hommes ont suivi plus ou moins d'ailleurs des cours aux Beaux Arts, les femmes n'y ont pas accès, mais Berthe apprendra tôt le dessin, 12 heures par semaine, puis aura un élève d'Ingres et de Delacroix comme professeur, Guichard, qui lui fera faire des copies au Louvre et lui fera rencontrer Fantin Latour, puis Camille Corot qui deviendra son professeur, et lui fera connaître  Charles Daubigny.  Berthe sera entourée rapidement de jeunes talents,ceux qui sont du même âge qu'elle et les plus âgés comme les Manet. Pas une facile, Berthe, pas une commode, elle sait ce qu'elle veut, peindre avant tout, Elle doit se battre en permanence contre les idées reçues, contre son père, contre sa mère qui aimerait la marier, comme elle a marié ses 2 autres filles, mais Berthe persiste, quitte à manifester de la mauvaise humeur, quitte à se morfondre dans la mélancolie et à se replier sur elle. Pas aisé d'être libre pour une jeune fille de bonne famille à cette époque, alors que l'on rêve d'être peintre, alors que l'on a un talent qui vaut bien celui d'un homme. En 1863, sa soeur Edma la peint, en peintre .. Berthe a alors 22 ans. On parlera de rivalité entre les 2 soeurs, il n'y en aura pas, pas en ce qui concerne la peinture en tout cas. Edma a pour but de se marier. Berthe se liera d'amitié avec la duchesse de Castiglione Colonna sculptrice connue sous le nom de Marcello, femme libre. Elle fréquentera aussi Mary Cassatt.    

On a tout dit ou presque de Berthe, pour moi, elle représente la victoire d'une femme sur une époque où seul l'homme avait des droits , malgré sa classe sociale si misogyne, si sclérosante pour les femmes. Il lui en fallu de l'obstination pour persister à peindre, pour contrer les volontés opposantes, d'abord celle de son père heurté sans doute par cette fille ombrageuse et fantasque, puis celle de sa mère qui l'encouragea souvent, mais qui  interprète mal la sensibilité de Berthe plus préoccupée par son art que par la recherche d'un mari pour fonder un foyer, sa mère qui s'inquiète de sa maigreur et la voudrait grasse et fertile, et je ne parle pas des critiques qui la traitent de peintre de ménage, qui la disent folle.

Bien sûr, elle bénéficPortrait de B Morisot et sa fille huileia d'un mari précurseur dans sa modernité, qui lui facilita la vie pour l'aider au mieux à exercer sa peinture, qui lui donna une fille Julie, qu'elle aima passionnément, cet amour maternel qui combla certainement ce manque d'amour réel de sa vie. Et puis, elle eut beaucoup d'amis, Berthe, en vrac, Manet l'amour manqué, Degas, Mallarmé, Renoir, Monet elle aimait briller Berthe, et brilla souvent grâce à cette petite cour de fidèles fort respectueux, toujours, qui gravitèrent autour d'elle. 

Berthe Morisot, une peintre qui osjeune femme en gris étendue huilea la modernité plus que toute autre, une belle femme, une peintre de talent, une putain de sacrée de bonne femme !  Elle avait un coup de pinceau, puissant rageur, parfois, les traits des visages flirtant avec l'abstraction, elle  joue avec les couleurs et les décline dans tous les tons.

Elle peint villa dans les orangers Nice- Huilela nature par petites touches, un petit fouillis de fleurs et branches mêlées au vent, au flou, à un je ne sais quoi d'inachevé 

 

 

 

 

La vie ne l'épargne pas, lui enlève Edouard Manet en 1883Portrait de Marcelle dernier tableau, puis son second beau frère Gustave en 1884, et sa belle mère un mois plus tard. Eugène son mari a une tuberculose et végétera 5 longues années soigné tendrement par Berthe. Il meurt en 1892. La soeur aînée de Berthe meurt elle aussi cette année là. Berthe se consacre à Julie âgée de 14 ans et à sa peinture. Elles sortent avec Renoir, Mallarmé, vont à Giverny, reçoivent à nouveau les habitués, dont Rodin. Elle s'occupe de ses nièces, orphelines, PB Morisotaule et Jeannie Gobillard. Berthe peint ces jeunes filles assez classiquement, puis se met à peindre des nus, d'après des jeunes modèles, des femmes à leur toilette. Berthe Morisot semble avoir trouvé la sérénité, mais ce n'est qu'une apparence, elle doute toujours de son talent, recommence plusieurs fois ses tableaux, les reprend et ne les achève pour ainsi dire jamais. Le dernier tableau sera celui de Marcelle, toujours ces petits traits de pinceaux qui la caractérisent.  Julie est grippée en ce début d'année 1895, Berthe est atteinte à son tour et meurt lucide, le 2 Mars. Elle avait 54 ans.  

Marmottan nous propose jusqu'au 1ier Juillet 2012, une belle rencontre avec cette peintre. La dernière, en France remonte à 50 ans, alors si vous aimez, et n'être plus très jeune, c'est l'occasion ou jamais !

 

12 avril 2012

Les jolies choses - Virginie Despentes

 Virginie Despentes née en 1969.

Virginie DespentesUn ventre, mère effacée et dominée par le père, pour 2 jumelles, identiques, mais grimées différemment au point d'annihiler toute ressemblance physique.

L'une, Claudine catégorie pétasse, celle-ci éliminait du monde extrait geignarde mais bimbo, pétasse mais fragile, jambes longues, seins offerts, cul à se damner, une chatte chaude, trésor enfoui entre ses cuisses, une femme qui cherche à faire plaisir aux hommes extrait mais incapable d'aimer, juste une bouffonne, un peu conne et désespérée. Cette tristesse là, Pauline la touche pour la première fois, d'être autant convoitée, et de ne convoiter personne. extraitClaudine, enfant, éteinte et lente, mal aimée par un père violent, parti 3 ans de chez lui, puis revenu, retrouvant Claudine adolescente qui avait sauté sur l'occasion d'avoir un corps conforme aux normes extrait et son père l'avait alors remarquée.

L'autre, Pauline, pas bien humaine mais grunge, cheveu terne, sapée comme un sac, intelligente, mais sauvage, aimant l'amour avec un homme pour la vie, position missionnaire. Son seul truc à elle c'est sa voix J'aime vraiment bien sa voix, y a moyen de faire de jolies choses ... extrait. Elle, petite, avec de l'esprit, vive, plaisait à son père, et puis au retour du père, adolescente refusait d'être coquette comme on refuse de s'avilir extrait. Alors, le père, quand il revint, la rejeta.

Voilà, le père aura décidé ainsi du destin de ses filles. Claudine fera la pétasse pour plaire toujours à son père sans jamais grandir et en mourra. Pauline, plus futée, plus douée, prendra la place de sa soeur, se mettra facilement dans la peau d'une bimbo, car sous ses fringues se cache le même corps que celui de sa soeur, et comme elle a un cerveau, elle, elle mettra le monde à ses pieds, mais y perdra un peu son âme, qu'elle retrouvera avec Nicolas, amoureux des jumelles. Claudine revivra d'une certaine façon en Pauline réconciliée avec la vie. 

Ecriture qui ne manque pas d'humour, ni de mots orduriers, le poids des mots sans doute, avec le choc des images engendrées. C'est tout ou rien, ce style, cela plaît ou débecte ! moi, cela m'indiffère un peu, d'autant plus qu'elle sait aussi écrire de jolies choses.  

Bon, très ciblé, le livre de Virginie Despentes : il faut que les femmes cessent d'obéir aux diktats des médias qui ne pensent qu'à faire du fric : C'est une obéissance aux annonceurs, il faudra que tout le monde y passe. Ils régissent le truc, fil des pages : voilà ce qu'on vend, alors voilà ce qu'il faut être extrait. Là, il faut bien reconnaître qu'elle n'a pas tort. Deuxième message :  Y a pas, c'est un sous genre, le sexe masculin. C'est même pas les filles qui les affolent à ce point, c'est l'idée qu'ils auront la trique. extrait. L'auteur a un compte à régler avec un certain type d'hommes, et c'est son droit, le milieu qu'elle a choisi de représenter permet sans doute cette polarisation sur le thème bimbo, pétasse, sexe etc .. 

Elle frappe fort Virginie Despentes, mais entre les pétasses et les coincées, il y a de la marge pour s'épanouir sexuellement et aimer, en même temps. Cela se nomme d'ailleurs fort simplement amour. Laissons lui le mot de la fin à cette révoltée de la vie qui trouve des solutions.

"Tu connais un truc qui s'appelle "le juste milieu" ? extrait

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11 avril 2012

Villa Marguerite 1910

villa marguerite

10 avril 2012

Tuer le père - Amélie Nothomb

Amélie NothombAmélie Nothomb née en 1967 au Japon. Francophone belge.

C'est décidé, je relis du Nothomb. Me souviens plus du titre du premier roman que je lus d'elle il y a quelques années, mais ce fut aussi le dernier. Je réitère, maintenant, car j'ai le temps et la curiosité un peu titillée par cette échappée d'un roman de J.K Rowling  dont on se demande si elle est une moldu ou une cracmolle.

Amélie Nothom écrit des phrases courtes, sans fioriture. Un style aseptisé. Les adieux sont sans état d'âme. La mère se soucie du fils comme d'une guigne. Le fils méprise la mère. Cela m'évoque ces petites notes en marge dans une pièce de théâtre, qui donnent des informations sur le lieu d'une scène, le ton d'une réplique, les gestes à accomplir et que l'on nomme chose que j'ignorais ou avais oublié depuis des lustres didascalies. L'auteur donne des indications, sobres, libres de toute émotion et de tout jugement, sur ses personnages et sur le déroulement de l'intrigue. 'Elle était dans cet état d'acceptation absolue et de réjouissance universelle caractéristique de l'acide bien toléré' Sur cette notice là, manquent les contre-indications et les effets secondaires

Il n'y a pas vraiment de père, il n'y a pas vraiment de fils dans cette histoire.  C'est l'histoire de deux illusionnistes qui jouent à se leurrer avec l'illusion d'être un père et un fils. Un apprenti magicien doué Joe Whip prend pour professeur un grand magicien Norman Térence; doué aussi d'un certain sens moral, cet Oedipe-Joe-Whip là ne couchera pas avec sa vraie mère, mais avec sa fausse belle mère, compagne de Norman, illusion là aussi ! Plus que sur la tricherie, ce livre est un livre sur l'illusion, mais ce livre là demande à être développé.

Bon, cette lecture me fut laborieuse, mais ce n'est pas une raison suffisante, encore, pour ne pas récidiver et assouvir ma curiosité, toujours, présente.      

8 avril 2012

Manon

Manon 2012Manon opéra de Jules Massenet (1842-1912)

Montesquieu  aurait résumé l'Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut de l'abbé Prévost (dont Massenet s'est inspiré) ainsi ' le héros est un fripon et l'héroine est une catin'.

On lui pardonne volontiers son sexisme au sieur tout Montesquieu qu'il est ... de nos jours on pourrait résumer ' le héros est un oisif un peu mou et l'héroine une femme née à la mauvaise époque. Aujourd'hui elle aurait été call-girl de luxe, star du cinéma, ou femme d'affaires. L'amour qui les réunit triomphera, même si la mort de Manon est une fin obligée que la morale nécessite.

Bon, les dialogues sont parfois percutants de niaiserie : ô ma Rosalinde, je veux gravir le Pinde pour te chanter ....est celui que j'ai relevé comme étant le fleuron, mais on s'en moque, là n'est vraiment pas l'intérêt de l'opéra et la musique souvent enlevée de Massenet est réjouissante à écouter. Il faut dire que la voix de la soprano Anna Netrebko qui est une voix puissante et légère à la fois, au vocalisme sûr, est diablement agréable à l'oreille et nous fait vibrer, quant à son physique fort sensuel, il donne un charme fou à cette Manon si légère qu'on lui pardonne son inconstance bien volontiers. Côté ténor, Piotr Beczala qui joue Des Grieux ne dépare pas, son regard, non plus. Les seconds rôles sont bien tenus. Au final, un spectacle fort plaisant, léger, digeste, distrayant.

Note pour ide:

Le Pinde est un massif montagneux situé au nord de la Grèce, massif qui était consacré à Apollon et aux muses dans la littérature antique grecque.

6 avril 2012

Degas et les nus

Le nu chez Degas (1834-1917) représente 1/5 ème de son oeuvre, sous toutes les formes, à l'huile, au pastel, au crayon, en lithographie, en sculpture. Le musée d'Orsay nous offre de contempler une partie de ces nus. Un parcours intéressant mais difficile à voir, tant il y a de monde !

Degas, issu Etude d'homme nu allongé 1857d'une famille bourgeoise aisée décide de copier au Louvre, dés l'obtention de son baccalauréat, il a 19 ans. En 1854, il fréquente l'atelier de Louis Lamothe, en 55 il rencontre Ingres. En copiant les maîtres dont, Michel -Ange, Mantegna, Degas affine son trait. Il montre  un goût prononcé pour le sujet historique. De 56 à 59 Degas copie les Antiques, dessine des nus masculins, apprend les ombres, les hachures. En 58 rencontre Gustave Moreau. il dira de cette époque 'ici le mieux est d'employer mon temps à étudier mon métier'.

Et il étudiera bien. 

  

 En 59 il loue un atelier à Paris. Il met en pratique ce qu'il a appris, avec sa propre inspirationJeune fille spartiate vers 1860 : ses nus sont plus contemporains qu'antiques. Degas ePetites filles spartiates provoquant des garçons 1860-62xcelle dans le dessin.  Il revisite à sa façon la peinture d'histoire, dessine les corps avec plus de réalisme ambigu, les Petites filles spartiates provoquant des garçons seront l'objet de plusieurs esquisses, au dessin, la jeune fille tendant le poing, assez agressive sur le dessin , plus provoquante  sur la peinture à l'huile date des années 60-62 restera chère à Degas. Souvenir de jeunesse où tout était possible.  En 65, Degas présente au salon ' Scène de guerre au Moyen Age', dont on  veut faire aujourd'hui un manifeste pour la cause des femmes violées en temps de guerre.Scène de guerre au moyen âge détail 63-65 Il aurait fallu que monsieur Degas se livre à ce sujet, mais Degas est un pudique sentimental et taiseux, sous ses dehors entiers, intransigeants, alors reste l'ambiguité prScène de guerre au Moyen Ageovoquée par ce type de peinture, certainement voulue : voyeurisme, provocation de carabin,désir d'humanité, ou tout simplement besoin bien légitime de s'essayer aux grands maîtres, en modernisant à sa façon , nous n'en saurons jamais vraiment rien. 

Et puis ce tableau intimiste, qui fera couler beaucoup d'encre, Intérieur. Hypothèse d'un viol ? séparation de 2 amants ? virginité perdue ? 

Au choixIntérieur 68-69

 

 

 

 De 1876 à 1879, finis les  beaux nus, les femmes violentées qui restent quand même belles, place au grotesque, à la caricature, aux pubis 'origine du monde' La fête de la patronne 77-77des dames des maisons closes qui se baladent toutes nues, dans des poses obscènes, qui assises écartent les jambes sans grâce .. Degas utilise le monotype à l'encre noire. Ces femmes ont toutes le même physique, cuisses et fesses charnues, petit ventre, visage grossier, ce qLa fête de la patronne Monotype encre noireui permettait de déclarer, selon la théorie scientifique en vogue de l'époque : la physiognomonie que les prostituées correspondaient à un type physique particulier, héréditaire qui plus est, théorie à la mode qui les déterminait, socialement, physiquement à n'être que prostituées. Là encore, que des hypothèses, Degas adhérait-il vraiment à ce courant (physiognomonie), ou bien, lui servait il d'alibi, de prétexte à s'exercer à une pornographie libératrice, malicieuse, licencieuse où la caricature et l'humour lui servaient aussi à exprimer ses peurs secrètes...  Auriez vous eu peur, monsieur Degas, pour des raisons qui vous appartiennent, du sexe féminin ?     

Degas continue à explorer, vers 1880, le nu féminin en nous faisant découvrir la vie la plus intime des femmes, celle que l'on n'évoque pas,Le petit déjeuner à la sortie du bain 95-98 pastel dans son monde, tout ce qui concerne les soins du corps, et là, il peindra à nouveau des femmes de la bourgeoisie, une servante est là pour témoigner du rang social. Degas incorrigible, si il n'accentue plus les traits (pubis, abdomen rebondi, trLe bain vers 1895 huile sur toileaits simiesques), met ses baigneuses dans des contorsions équilibristes, des poses qui ridiculisent un peu ces femmes qui interpellent, à moins que ce ne soit aussi un effet de style, une étude anatomique du mouvement.  Réjouissons nous de cette équité : prostituées ou bourgeoises, toutes effrayaient un peu Degas, sexuellement.Femme se grattant le dos 1881 pastel Il dira des femmes nues qu'il peint ' Je les montre sans leur coquetterie, à l'état de bêtes qui se nettoient'.Femme nue se coiffant vers 1881 huile sur toile  Degas est assez touchant dans ses contradictions, dans ses ambiguïtés, très humain, ce Degas. Degas aura de solides amitiés féminines, Berthe Morisot, Mary Cassatt, Suzanne Valadon qui poseroAprès le bain, femme s'essuyant la nuque 95-98 pastelnt pour lui, pas nues, non !!. Il aura un faible pour une cantatrice Rose Caron. Degas n'est pas un réel misogyne, mais un homme plus fin et sensible qu'il n'y parait, qui a tout bonnement les idées de son époque en ce qui concerne les femmes. Peu à peu, Degas enfin libéré ou ayant dépassé ses préjugés, où bien se moquant de tout, peindra aussi et de plus en plus, des nus plus fondus Femme sortant du bain 1886 pastel sur monotypemoins réalistes mais devenus enfin gracieux, touchants, naturels où Degas alors n'est plus qu'un peintre soucieux du trait, des couleurs de ses pastels où les décors se fondront, évoquant les intérieurs futurs d'un VuillardFemme s'essuyant la nuque 1900-05 pastel et fusain. Degas est un peintre à part entière.

Côté sculpture, Degas n'est pas très convaincant, seule, La Petite Danseuse émerge.Danseuse DegasPetite danseuse DegasC'est un peu lapidaire comme jugement, mais c'est mon droit.

 

Détail

A partir de 1890, ce solitaire s'isole davantage, devient 'indifférent', continue à vivre sans réel plaisir de vivre, mais se livre à ses collections, à sa peinture appréciée de ses contemporains, à ses rares amis qui se meurent d'ailleurs les uns après les autres. Les dernières années de sa vie, Degas sera une enveloppe vide soignée par sa servante Zoé. Il meurt sans souffrance en 1917.   

5 avril 2012

Les adieux à la Reine - Chantal Thomas

Chantal Thomas

Les adieux à la reineUniversitaire, historienne, née en 1945, a écrit de nombreux essais sur le XVIII ème siècle.

Les adieux à la reine, est son premier roman, paru en 2002.  

Trois jours d'un mois de Juillet extraordinaire de 1789 au château de Versailles, trois jours où l'on n'entend que les rumeurs, incroyables, de prise de la Bastille, de populace en colère qui se révolte, trois jours d'inquiétude qui font tomber les barrières sociales où les vêtements de nuit aristocratiques se mêlent aux vêtements de nuit plébéiens, dans les couloirs sombres du château dans l'attente de nouvelles. Trois jours où les fastes encore présents de la royauté commencent à péricliter, les serviteurs plus vraiment là, les gardes partis, Marie Antoinette déjà condamnée. Loin des tumultes de la révolution, des cris de la foule, des hurlements de terreur et de douleur des suppliciés,  on accompagne l'incertitude incrédule des courtisans que l'on voit se transformer en angoisse insomniaque, puis en panique d'être décapité pour les uns, violé pour les autres par des lépreux syphilitiques de surcroit puis massacré .... une sorte de thriller révolutionnaire, agrémenté d'images délicates, de petits usages de cour surannés qui ne pouvaient plus durer, futurs vestiges d'une classe qui va mourir brutalement, par manque d'anticipation et d'aveuglement.

Écriture sans défaut, histoire non contestable, personnages savoureux, hauts en couleur, tout est plaisant. On est tour à tour lectrice de la reine, courtisane, servante, favorite, aristocrate coincée, et même, même reine de France. Bon, jusqu'à un certain point cependant, et on se carapate vite fait avec Madame de Polignac et Agathe-Sidonie Laborde sur le chemin d'un exil salvateur.     

Livre à lire avant d'aller voir le film de Benoit Jacquot. Il faut d'abord s'imprégner de l'atmosphère romanesque du livre avant d'aller goûter à la beauté des images du film, où les femmes sont trop belles, les robes itou, et le décor aussi. Le livre en tête,  vous ne céderez pas trop vite à la tentation de vous laisser aller au plaisir des yeux, à la fascination qu'exerce la beauté, en lectrice avertie vous y veillerez ! bon, la caméra à l'épaule qu'encense la critique donne mal au coeur et est en ce qui me concerne non seulement superfétatoire, mais carrément génante. Dieu merci, ces instants durent peu.   

A débattre :

J'en suis convaincue - et ce ne sont pas les dernières images que j'emporterai de ce monde qui pourraient me persuader du contraire -, l'humanité ne progresse pas. Extrait

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