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Mémoire virtuelle d'une ide
livre
22 mars 2012

Le coin du voile - Laurence Cossé

L CosséLaurence Cossé

Paru en 1996, ce livre m'attire davantage que le 31 du mois d'Août. Le sujet en est plus savoureux, voire loufoque. Quant à l'écriture, elle flirte avec un humour léger et bon enfant presque tout au long du livre.

Ce roman avec pour toile de fond Dieu se passe sur 8 jours.  L'affaire vient de la base religieuse, les casuistes, théologiens qui ont réponse à tout au nom de la raison et de leur foi (bonne évidemment). L'affaire en question c'est la preuve de l'existence de Dieu établie par un doux illuminé Martin Mauduit professeur de physique chimie et prêtre dans le passé, Il avait perdu - la foi, sans doute pas, il n'avait jamais eu exactement la foi, puisqu'il lui fallait la certitude-, en tout cas la claire vision de son ministère. extrait. Mauduit soumet cette preuve à un Bertrand Beaulieu, un radical, scrupuleux, un fossoyeur de la tradition qui la soumet à son tour à un autre prêtre Hervé Montgaroult capable tout au plus de seriner son cours d'ontologie cataphatique. Les deux branquignoles soutanés le soumettent à Hervé Le Dangeolet, leur provincial qui met sur place in petto et fissa (il adore ça, ces petites expressions le Dangeolet) une commission d'examen de la preuve avec 2 spécialistes, Michalet et Schmuckermann. Sur ce pour éviter la contagion, il coffre-fort la dite preuve. Les 2 experts sont contaminés à leur tour. Le Provincial avise alors la haute sphère : le Général de la compagnie des casuistes.

Les politiques vont s'en mêler, pour eux il y a risque de passer dans le domaine publique si l'affaire s'ébruite, et de là à susciter un trouble publique, il n'y a qu'un pas. Il faut 'en-di-guer-la-la-me-de-fond' (extrait). Détruire la preuve et neutraliser les branquignoles devient leur course poursuite qui les mènera, bien sûr, tous à Rome.

Laurence Cossé ne lève aucun voile sur la preuve de l'existence de Dieu, le contraire aurait été surprenant ! Elle n'argumente rien, ne prend pas parti, se contente de nous offrir un échantillon assez jubilatoire, limité à l'espèce humaine politique et religieuse. Elle met en scène une pièce où le pouvoir religieux et le pouvoir politique trouvent une entente pour écarter toute menace extérieure susceptible de rogner leur souveraineté au détriment bien sûr des moins puissants. Cela se passe en douceur, sans violence, presque sans victime, enfin une seule. Ce n'est pas très grave.( extrait) 

Le doute sur l'existence de Dieu était la seule formule viable pour l'humanité. Croyait qui voulait, ne croyait pas qui préférait. Pas plus de certitude pour l'un que pour l'autre. Un respect mutuel- mis à part les ères de certitude. La certitude, quelque soit son bord engendre le fanatisme. (extrait) 

Au fond, le doute est le seul contrepoids aux folies humaines. C'est la raison, le doute. extrait.

Alors, n'hésitons pas, doutons. 

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19 mars 2012

La vaine attente - Nadeem Aslam

La vaine attenteNadeem Aslam né en 1966 au Pakistan. Réfugié en Angleterre à l'âge de 14 ans.

La vaine attente imprimé en France 2009

C'est un pays où il y a des lapis-lazulis, où Duke Ellington y a joué (à Kaboul) en 1963. L'air embaume des senteurs de  lilas de Perse, fougères du Nuristan, narcisses de Jalalabad, fleurs d'oranger, grenadiers.

C'est un pays où il y a des mines antipersonnel, où les porteurs de bombes n'ont pas d'autre choix que de donner leur vie dans la guerre sainte contre les infidèles. C'est un pays où l'on torture, où l'on tue, civils, soldats, rebelles ....

C'est ici , dans cette partie du monde, que David a entendu pour la première fois les appels à la mort de l'Amérique. Les cris d'une foule enflammée par le rêve d'une société fondée sur l'Islam  ... C'était à Islamabad, au Pakistan, en novembre 1979. Il avait 22 ans. Extrait. En décembre 79, l'armée soviétique envahissait l'Afghanistan, en 1989 retrait soviétique. Guerre civile  jusqu'à l'arrivée des talibans en 1996. La terreur alors s'installe : L'Afghanistan devint une terre dont l'assise était la peur et non le roc, où la terreur avait remplacé l'air qu'on respirait. extrait

On suit cette tragédie avec :

Marcus Caldwell, médecin anglais de 70 ans, qui a épousé une Afghane, Qatrina, médecin elle aussi, elle sera lapidée en 2001 par les talibans, leur fille Zameen sera enlevée en 1980 par un groupe de soldats soviétiques, un fils en naîtra, en 86 Zameen mourra. Marcus se met en tête de retrouver son petit fils Bihzad. Pour lui seul qui a tout perdu, l'attente n'est pas vaine, elle est devenue sa vie. Il survivra.

David Town américain, négociant en pierres précieuses a connu Zameen et son fils alors âgé de 4 ans et les a aimés. David cherche Bihzad depuis 20 ans. Il choisira la mort au bout du chemin n'attendant plus rien.

Larissa Petrovna, dite Lara, russe, à la recherche de son frère Benedikt Petrovitch. Elle repartira dans son pays avec un désir à défaut d'un but : Le but, c'est de tendre vers un but, l'honnêteté, de tendre vers l'honnêteté. extrait 

Casa, élevé dans un orphelinat, puis formaté dans un camp d'entrainement du djihad au Pakistan, puis en Afghanistan. Casa élevé pour tuer. Sa mort ne sera pas celle qu'il avait choisie.

Dunia jeune institutrice en fuite, accusée par l'imam de mener une vie dissolue, colombe, agneau de la paix, elle sera, on l'imagine, sacrifiée d'une façon ou d'une autre.

Et se poursuivent encore les massacres, les tortures, les bombes qui explosent ...  Les héros de l'Orient et de l'Occident sont en train de se massacrer dans la poussière de l'Afghanistan. extrait

La vaine attente est une épopée terriblement désespérante. La vaine attente existe bien, c'est celle de la paix, désolante et vaine attente. 

12 mars 2012

Le 31 du mois d'Août - Laurence Cossé

Laurence CosséLaurence Cossé née en 1950, journaliste, critique littéraire, producteur-délégué à France culture.

Le 31 du mois d'août est le premier livre que je lis d'elle, et ne sera pas le dernier. Car ce 31 août là ne m'a pas emballée, et j'ai pour habitude de vérifier si il s'agit de l'auteure qui me plaît moyennement, ou seulement du roman choisi.

Parti d'un fait divers mettant en scène des célébrités, ce roman pose la question du délit de fuite et de ses conséquences sur la vie du fuyard.

Lou a une petite fiat blanche, Lou conduit façon escargot, et oblige, un 31 août, un bolide noir à devoir se rabattre, freiner, et finalement finir sa course sur un pylône du pont de l'Alma. Lou ne s'arrête pas ....et n'en finit pas alors de fuir. Elle fuit les éventuelles poursuites judiciaires, et surtout sa vie qui à la lumière de cet accident lui devient impossible à vivre. L'écriture est concise, sans fioriture, sans littérature. Une plume de journaliste, sobre, narrative, impartiale, une plume de bon journaliste donc, ce qui se fait rare. Mais ce n'est pas ce que je cherche dans un livre. Je comprends que l'on puisse aimer, mais j'évite, généralement ce genre.

Bon, Lou aurait dû s'arrêter. C'est ma réponse. Le cours de sa vie a changé dés l'accident dont elle n'était pas responsable. Un grain de sable est venu enrayer une vie ordinaire et tranquille à tout jamais. Il produira le pire chez Lou qui basculera dans le criminel et le mensonge fort naturellement. Le hasard là n'y est pour rien, les aléas de la vie peuvent vous rendre pire ou meilleur, et Lou a choisi le pire. On a en ce domaine le choix. Bon, ça ne fait pas délirer ce livre, mais ça pose une question, et un débat peut suivre. Ce livre est un bon sujet pour débat télévisé !

8 mars 2012

Le fils - Michel Rostain

Le fils

Michel Rostain 1942 Maîtrise de philosophie, DEA d'histoire de la musique, metteur en scène de théâtre lyrique et musical, directeur de la Scène nationale de Quimper. Écrit son premier livre en 2011 : Le Fils

Bien sûr, je fus attirée, d'abord par le titre, forcément.

Lion, Le fils raconte le chagrin des ses parents lors de sa mort brutale due à une méningite foudroyante.

Quand vous avez de l'humour, l'humour reste, quand vous aimez la vie, l'amour de la vie demeure ...  Cela prend du temps, des larmes, des nuits sans sommeils, des regrets, des remords. Et au final, comme avec tout ou presque, on arrive aussi à trouver un petit arrangement avec ses morts. On oublie rien, on souffre toujours, mais on apprend à vivre sans.   

C'est bien écrit, cela se lit aisément, rapidement, les mots plaisent, les images qui découlent de ces mots aussi.

Mais je reste sur ma faim, un peu !

Forcément, madame Freud, forcément.

4 mars 2012

La fille de son père - Anne Berest

anne berestAnne Berest née en 1979, études littéraires sur la dramaturgie baroque, a travaillé aux Carnets du théâtre du Rond point, a participé à l'adaptation et la mise en scène d' Un Pedigree de Patrick Modiano' avec Edouard Baer et vient d'écrire son premier roman ' La fille de son père'. 

Les enterrements, elle connaît, celui de sa mère d'abord il y a 24 ans, puis, l'enterrement d'un amant de 15 rapports sexuels exactement, -'de la chair consommée sans importance-' (extrait), puis 10 ans plus tard l'enterrement de son père le géniteur, elle, la fille de son père. 

Trois soeurs, trois filles à son père donc, trois filles à Martine aussi, celle qui est morte à 38 ans, celle qui pollue la vie de Catherine, la belle mère des 3 soeurs qui ne l'acceptent pas cette Catherine qui offre pourtant un beurrier en forme de chaumière miniature sur une petite assiette verte, cette Catherine qui ose révéler que Martine  a fait un enfant avec un autre ce qui n'est pas très catholique. Et voilà, le pavé est lancé dans la mare, le roman alors s'emballe délicieusement dans une enquête pseudo policière, un indice nous a été donné .. mais la chute n'est pas dans le mystère défloré, mais dans la manière d'évacuer le problème : 'Ce qui de lui en moi demeure. Même moi j'ai oublié'. Le père est celui qui élève.

Assez jouissif ce roman sur les relations entre soeurs, les relations entre père et fille, l'auteure ne s'appesantit pas sur les ressentis des héros, ne psychotise rien, ce qui change agréablement de la plupart des romans actuels, livre court qui se lit fort rapidement et qui est prometteur. Un autre livre doit suivre, on l'attend.

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28 février 2012

Un très grand amour - Franz-Olivier Giesbert

giesbertFranz-Olivier Giesbert né en 1949 : 'je ne suis qu'une imposture qui a réussi. Autrement dit, un homme de médias, chroniqueur télévisuel, directeur d'un site littéraire, cancaneur, blogueur et conférencier.' extrait du livre. 

Alors, il en profite avec son clone Antoine Bradsock qu'il caricature, à peine, je pense. On oublie un peu trop que les vieillissants ont d'abord à affronter le vieillissement jugé toujours prématuré du corps qui lâche souvent en premier, alors que l'esprit lui demeure jeune, ce qui est, avouons le carrément insupportable, alors Giesbert parle fort bien d'un problème fréquent et particulier aux hommes, le désir de pouvoir ... désirer encore et surtout d'en garder les moyens. Et quand un cancer s'en mêle, cela complique tout y compris les fonctions naturelles, ce qui nous vaut une scène que je trouve particulièrement savoureuse, même si il en fait un peu trop sur le sujet. Antoine aime faire l'amour aux femmes qu'il aime, bon, il aime toutes les femmes ou presque, alors il cumule : les femmes, ce qui en découle souvent, les enfants, et forcément les chagrins d'amour. Pour Antoine chaque amour mérite un qualificatif singulier, est ce sa faute à lui si il y a autant d'adjectifs qui s'accomodent avec le mot amour ? Le dernier amour du livre est qualifié de vrai, sans doute, sans doute. Mais moi je ne m'en fais pas pour Antoine, pour cet homme amoureux de l'amour, son dernier amour sera  post-mortem : il sera éperdument amoureux de la somptueuse thanatopractrice qui prendra soin de sa dépouille.   

Giesbert est un roué : à trop s'accuser, on se justifie de tout, à caricaturer on évite aux autres de le faire pour vous. Mais c'est en cela qu'il me plait bien d'ailleurs !

note pour ide :

procrastination : tendance à remettre au lendemain.

24 février 2012

La vie d'une autre - Frédérique Deghelt

La vie d'une autre                                                Frédérique Deghelt est journaliste, réalisatrice et écrivain. 

 Belle au bois dormant, une jeune femme s'endort auprès de son amoureux, et se réveille 12 ans plus tard, auprès du même devenu mari et père de ses 3 enfants. Elle ne reconnaît pas ses enfants, et ne sait rien de ce qui s'est passé ces 12 ans durant ...

Entre un livre et moi, il y a souvent une brève histoire d'amour, légère, enivrante, délicieuse qui m'enchante. Là, il ne se passe rien. Et je ne sais pas trop pourquoi. Parfois le style narratif me fait penser à un passage de consignes entre collègues infirmières avec des mots précis, presque scientifiques, anatomiques, physiologiques, psychologiques, trop de iques en somme, voilà c'est peut être là le hic entre ce livre et moi. C'est bien argumenté, clairement écrit, mais plus documentaire que fiction. Marie reste une patiente tenue à distance, qui ne m'émeut pas et que je n'ai pas envie d'aimer.  

Le film réalisé par Sylvie Testud a curieusement le même défaut, curieusement, car l'histoire est sensiblement différente dans le fond. Esthétiquement, le film est bien fait, les acteurs conformes à ce que l'on peut attendre d'eux, mais il n'a pas là non plus de magie.

Au final, cela tient peut être à moi, un écrivain va à la rencontre de ses lecteurs, certes, mais les lecteurs doivent peut être aussi aller à la rencontre de l'écrivain ... ne sais pas trop, en tous cas entre ce livre et moi, si il y a bien eu rencontre, il n'y a pas eu idylle. En même temps, on ne peut pas tout aimer, tout le temps !

16 février 2012

Les Morues - Titou Lecoq

Titiou Lecoq née en 1980, est journaliste indépendante et blogueuse (girlsandgeeks.com).

Les MoruesPremier livre : Les Morues en 2011.

'... une bande de trentenaires parvenus ...' (extrait), ... 'd'un espace entièrement virtuel' (extrait).

Voilà donc le sujet du livre, des trentenaires  dans un monde où la technologie a bouleversé le relationnel, le ressenti, l'image qu'on a des autres, l'image qu'on a de soi. Bienvenue dans le monde du virtuel qui est au final une autre forme de réalité.  

Et puis il y a les choses de la vie, intemporelles, l'amour que l'on recherche ou pas, le travail que l'on garde ou pas, les amis. Il y a une mort qui intrigue, et une enquête menée par Ema. C'est peut être en cette intrigue qui s'égare un peu que réside le point faible de ce roman.  

Ema est une Morue, Alice et Gabrielle itou, avec une idéologie :-' Pour les Morues, il paraissait évident que les réflexes sexistes dont on accusait les hommes, c'était d'abord chez les femmes qu'il fallait les traquer'-. extrait

Des hommes autour bien sûr : 

Fred, délicieusement trop, en tout, trop intelligent, trop sensible, trop en tout qui finalement a choisi d'être rien en tout, rien de ce qui pourrait le distinguer du commun de ses contemporains. Et c'est ainsi qu'il est devenu, lui le génie, un marginal.

Tout-Mou, le fiancé veuf, mais ce qui est recherché dans un marshmallow est carrément rédhibitoire chez un homme.

Blester, l'amoureux d'Ema, bien sous tous rapport, un peu trop normal peut être.

Antoine frère de Fred, le con de service, mais pas que cela non plus.

et d'autres .....

 L'écriture du livre est résolument humoristique, ce qui permet à l'auteure d'énoncer légèrement des vérités profondes, de nous amener incidieusement à un travail d'introspection. C'est assez fort, au final, ce livre qui est un témoignage intéressant sur notre époque, une réflexion plus profonde qu'elle en a l'air sur la vie.

-' Peut être que ça servait à ça, le travail ? Se donner l'illusion que les choses avaient un sens'.- extrait

 Notes pour ide :  

climax : point culminant

aporie : se dit d'une question logiquement insoluble

10 février 2012

Mara - Mazarine Pingeot

Mazarine Pingeot née en 1974, professeur de philosophie à l'université, écrivain. A 3 enfants.

M PingeotMara 2010

Deux hommes, Manuel et Hicham dans la vie de Mara, deux amours. 

Jumelle abandonnée à la naissance, séparée de son frère Manuel à l'âge de 1an et demi, avec une enfance chaotique en famille d'adoption. Les retrouvailles entre Manuel et Mara sont particulières :- 'l'un en l'autre. C'était la seule sécurité pour ne plus revenir en arrière, pour trouver le lieu de la sécurité, le lieu qui était le nôtre.' (extrait). M. Pingeot parle fort bien de cette relation singulière, ambiguë parfois mais rarement aboutie quand même, qui peut exister entre un jumeau et sa soeur, relation indéniablement et mystérieusement plus forte qu'un simple rapport fraternel. Mais cet amour infécond les entraîne l'un et l'autre vers une mort lente. La morale est respectée, faire l'amour oui, faire un enfant non. Ouf !!!! Alors Hicham, mal marié, vole Mara à Manuel et l'aide à se replacer dans son histoire familiale dans une Algérie qui n'en finit plus de massacrer son peuple. Mais la vie, imprévisible toujours, continue, et Mara enfin enceinte se demande qui est ... cette dernière partie est un peu rapide, presque bâclée ... mais sans soute est ce volontaire, sans doute une suite viendra, ou pas.

On peut reprocher une multiplicité de style d'écritures qui fait un peu catalogue, tantôt romanesquement échevelé, tantôt flirtant avec une philo-psychologie un peu trop pédagogique, tantôt quasi journalistique, mais qu'importe, le fait est là, ce livre romanesque à souhait est très plaisant à lire, et demande à ce que l'auteur en écrive d'autres où un style plus épuré, plus rigoureux, plus lié laissera les critiques, toujours faciles il est vrai, sur le carreau. 

31 janvier 2012

Les jolis garçons - Delphine de Vigan

les jolis garçonsLes jolis Garçons     Delphine de Vigan

-'Entre la réalité et le fantasme, il existe semble t'il une frontière tangible qui m'échappe et que vous maîtrisez'  (extrait)

 explique Emma Pile, jeune femme de 26 ans, à son psy; Emma est, alors, internée dans un établissement spécialisé.

-'Bientôt nous serons parvenus au bout de l'histoire, là où plus rien ne peut être dit. Bientôt nous n'aurons plus rien d'autre à contempler que ce paysage désolé, cette vie sans fable que je dois me ré-approprier'- (extrait) 

Et nous, les lecteurs, on est, dans l'histoire d'Emma Pile qui rêve sa vie, qui rêve l'amour des hommes  :

D'abord il y a Marc, marié, qui ne reste pas plus de 30 minutes par jour, qui ne lui dira jamais 'je t'aime', qui ne la touchera jamais non plus. Pour ne pas rater sa visite chez elle jamais planifiée, Emma ne sort plus, ne va plus au travail, s'isole du monde .... Emma finit par craquer, et Marc sort de sa vie, dramatiquement pour Emma qui est alors hospitalisée.

Ensuite il y a Ethan, Emma a maintenant 30 ans. Ethan est écrivain. Marié, 2 enfants, il sort avec des femmes quand sa femme est en déplacement. Il devient amoureux d'Emma qui l'aime aussi. Trois nuits d'amour entre eux,  Emma qui est allée au bout de cet amour reprend le cours de sa vie sans émotion particulière.

Le troisième se nomme Milan,  présentateur de télévision d'une célèbre émission réalité. Milan est célibataire. Emma a trouvé son double qui la surpasse, à tel point -'que  toujours vient le moment où il faut prendre conscience de l'immense imposture qu'est la rencontre de l'Autre' (extrait). Alors, Emma Pile fuit Milan.

Et rencontre le 4ème  homme ... Les hommes ne manquent pas dans la vie rêvée d'Emma

Et puis il y a Martin, le frère aimé d'Emma qui lui dit -' Emma, nous sommes des enfants du silence, c'est la faim qui nous dévore, et le rêve aussi' (extrait).

Tragique histoire d'Emma qui navigue en permanence entre le rêve et la réalité et qui nous installe dans le doute : bouffées délirantes ou réalités. Si en ce qui concerne Marc, la réponse est claire, on espère qu'Ethan a bien existé pour le plaisir d'Emma, quant  à Milan on n'a pas du tout envie de croire en son existence, même si l'on s'amuse beaucoup à lire ce portrait d'homme, même si la réalité en ce cas précis dépasse sûrement la fiction. 

 Au final, Martin est le seul homme qu'Emma puisse aimer.

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